Cannabis : le débat qui empoisonne la majorité

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Le débat sur la dépénalisation du cannabis est un véritable serpent de mer à gauche. Ouvert depuis les années Jospin, lorsque la ministre de l'Environnement Dominique Voynet se déclarait déjà contre la répression, il empoisonne désormais le mandat de François Hollande. Depuis sa victoire à la primaire, le socialiste, qui prône le maintien de la législation actuelle, a été régulièrement défié sur ce terrain par des membres de sa propre majorité (PS, Verts et radicaux de gauche).
« Fossé entre le président et une gauche libertaire »
Pour Gaël Sliman, directeur adjoint de l’institut BVA, « il y a une espèce de rupture, de fossé entre une ligne incarnée par le président de la République et le Premier ministre qui veulent un PS solide par rapport à ces questions de sécurité et qui ne veut surtout pas avoir de reproche en laxisme. Et puis, il y a un fond de culture de la gauche plus libertaire de dirigeants politiques socialistes qui ont le sentiment que l’électorat de gauche serait plus favorable à cette question de dépénalisation. Ce qui d’ailleurs n’est pas tout à fait exact ».
« Pas d’évolution depuis 15 ans »
« C’est un des rares sujets de société qui n’a pas connu d’évolution en l’espace d’une quinzaine d’années, rappelle Gael Sliman. On a près de 60% des sympathisants de gauche qui nous disaient, il y a deux ans, qu’ils étaient hostiles à la dépénalisation du cannabis. Donc, il y a vraiment aucune raison d’aller prendre des coups sur un sujet qui réactive l’idée d’une gauche laxiste qui ne s’opposerait pas avec fermeté à la délinquance et aux dealers de drogues notamment. C’est vraiment un sujet sur lequel on a plus de coups à prendre que de gain à obtenir vis-à-vis de l’opinion ».
Tour d'Europe de la législation sur le cannabis|||
En Europe, les pays ont diverses solutions. On peut distinguer trois sortes de groupes :
- Groupe 1 : législation très dure: les pays où l'usage ou la détention de cannabis est considéré comme une infraction pénale. C'est le cas de la France.
- Groupe 2 : la détention au-delà d'un seuil peut entrainer une infraction administrative. La peine applicable est une amende. Exemple : le Portugal.
- Groupe 3 : 15 pays où l'usage n'est pas prohibé. En revanche, la détention peut être punie en fonction du nombre de grammes possédés (Belgique, Pays Bas, Allemagne, Italie, Danemark, Rep Tchèque...).