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Bronchiolite: les autorités sanitaires recommandent la vaccination des seniors

Une femme reçoit une dose de vaccin contre le Covid-19 dans une pharmacie d'Ajaccio, le 5 octobre 2023 (photo d'illustration)

Une femme reçoit une dose de vaccin contre le Covid-19 dans une pharmacie d'Ajaccio, le 5 octobre 2023 (photo d'illustration) - PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

La Haute Autorité de santé (HAS) recommande ce jeudi 4 juillet aux personnes âgées de se faire vacciner contre le principal virus à l'origine de la bronchiolite.

Face aux risques d'une bronchiolite pour les seniors, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande ce jeudi la vaccination des Français les plus âgés avec l'un ou l'autre des deux vaccins disponibles contre le principal virus à l'origine de cette infection.

Bien connu comme cause majeure de bronchiolite chez les nourrissons, le virus respiratoire syncytial (VRS) peut aussi provoquer de graves complications, pouvant aller jusqu'au décès, chez les personnes âgées.

Aucun traitement contre les infections respiratoires à VRS n'existait jusqu'ici, mais deux vaccins ont récemment obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les seniors: Arexvy (GSK) et Abrysvo (Pfizer).

"Les infections à VRS ont été très longtemps sous-estimées chez les personnes agées parce qu'elles ne donnent pas un tableau clinique des symptômes très particulier, en plus elles surviennent pendant la saison grippale", observe pour BFMTV Anne-Claude Crémieux, infectiologue, membre du collège de la Haute Autorité de santé et présidente de la commission technique des vaccinations.

Après évaluation, la HAS recommande ainsi de vacciner les personnes âgées de 75 ans et plus ainsi que les personnes de 65 ans et plus "présentant des pathologies respiratoires ou cardiaques chroniques", selon un communiqué. Si le ministre de la Santé - présent ou futur - suit la recommandation de la HAS, comme c'est généralement le cas, ces vaccinations pourront être prises en charge par l'assurance maladie.

Les 75 ans et plus "particulièrement vulnérables"

Les 75 ans et plus sont "particulièrement vulnérables" face au VRS, selon l'autorité sanitaire. En France, lors de la saison hivernale 2022-2023, cette catégorie a représenté 61% des hospitalisations et 78% des décès liés au VRS.

Quant aux 65 ans et plus, la vaccination est recommandée seulement à ceux ayant des pathologies respiratoires chroniques (particulièrement une bronchopneumopathie chronique obstructive, BPCO) ou cardiaques chroniques (notamment une insuffisance cardiaque), "susceptibles de s'aggraver lors d'une infection à VRS".

"On sait que les infections à VRS décompensent ces deux pathologies", pointe l'infectiologue Anne-Claude Crémieux. "Dans un quart des cas, les personnes hospitalisées pour une infection à VRS font un problème cardiaque."

Les infections à VRS sont également un facteur de dégradation de la santé des plus âgés "avec des passages à la dépendance", ajoute Anne-Claude Crémieux. "Dans 15% des cas, les personnes qui sortent de l'hôpital après une infection à VRS ne peuvent plus revenir à domicile."

La HAS a pris en compte les données d'efficacité des deux vaccins sur les infections des voies respiratoires inférieures (Ivri) chez les 60 ans et plus, qui ont notamment "montré une réduction de ces infections de 83% pour Arexvy et de 67 à 86% pour Abrysvo selon le critère retenu (2 ou 3 symptômes)". Elle s'est aussi appuyée sur les données de sécurité et de tolérance disponibles.

En même temps que le vaccin contre la grippe

La Haute Autorité de santé réévaluera sa recommandation une fois certaines données consolidées, notamment concernant l'efficacité en vie réelle de ces vaccins sur les hospitalisations et les décès imputables aux infections à VRS, le bénéfice attendu dans d'autres populations en particulier chez les patients immunodéprimés, et la pharmacovigilance.

"Comme tout nouveau vaccin, la surveillance des effets indésirables continue avec un point d'attention particulière sur les (syndromes de, NDLR) Guillain-Barré qui, à ce jour, n'ont pas fait la preuve de leur augmentation avec la vaccination, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe", précise l'infectiologue Anne-Claude Crémieux, qui évoque un nombre de cas "réduit".

"On a une balance bénéfice-risque qui est largement supérieure à d'éventuels effets indésirables qui pourraient ou non être identifiés par la suite."

Plusieurs dizaines de médecins avaient appelé, fin septembre dernier, à rendre rapidement disponible cette vaccination. Aux critiques sur la lenteur d'évaluation de certains vaccins, comme celui contre l'infection à VRS des seniors, la HAS avait opposé les délais nécessaires pour ses recommandations rigoureuses.

La HAS précise que la vaccination contre le VRS pourra être réalisée en même temps que la vaccination contre la grippe.

Céline Hussonnois-Alaya et Caroline Dieudonné avec AFP