Comment mieux intégrer les travailleurs handicapés psychiques

Les travailleurs atteints de schizophrénie, paranoïa ou troubles bipolaires ne nécessitent pas d'aménagements techniques mais organisationnels, dans le temps de travail, notamment. - Neal Sanche - CC - Flickr
Handicap n'est pas forcément synonyme de fauteuil roulant, ni même d'une quelconque défaillance du corps à proprement parler. La semaine pour l'emploi des personnes handicapées, qui se déroule du 13 au 19 novembre, a aussi pour but de mettre en lumière les différentes facettes du handicap.
Car plus de huit travailleurs handicapés sur dix sont touchés par un handicap invisible, selon l'étude de l'Observatoire QualiTHravail publiée ce 16 novembre, tel qu'une maladie psychique. Comme la dépression chronique, les troubles bipolaires, phobiques, la schizophrénie ou la paranoïa… Parmi les travailleurs handicapés, 16 % sont atteints de ces symptômes.
Plus qualifiés que la moyenne
Alors pourquoi ne pas se pencher davantage sur les travailleurs atteints de maladies psychiques? D'autant plus que ces troubles n’affectent pas les capacités intellectuelles. Ces salariés sont davantage qualifiés que la moyenne des salariés handicapés, dont seulement 15% a une formation supérieure à un bac + 3.
Car leur maladie survient généralement à l’âge adulte, et donc après les études. Ils représentent ainsi un vivier important de personnes handicapées qualifiées. Près de quatre étudiants scientifiques sur dix suivis par le Relais handicap, la section spécialisée de la Sorbonne, sont atteints d'un handicap psychique.
Souplesse dans l'organisation
Des futurs candidats qui intéresseront Assystem, entreprise d’ingénierie et de conseil en innovation qui recrute à 80% des ingénieurs. Cette entreprise s’est dotée d’une mission handicap il y a dix ans.
"L’intégration des personnes handicapées psychiques nécessite un suivi personnalisé et régulier ainsi que l’instauration d’un climat de confiance, indique Pauline Robinier, responsable handicap et diversité. L’environnement de travail est un élément clé qu’il convient d’adapter au fil des besoins, bien plus que lorsqu’il s’agit d’apporter des réponses techniques à un moment donné."
Mais cela passe aussi par une souplesse dans le planning professionnel de ces salariés. Dans la gestion de leur temps de travail, Pauline Robinier recommande un nombre d'heures à réaliser dans la semaine mentionné sur le contrat de travail, plutôt que des jours bien définis. Pour s'accorder davantage de souplesse, en fonction de la survenue des troubles.
Assystem compte 6000 salariés en France. Mais ces dispositifs sont rarement mis en place dans les entreprises de petite ou moyenne taille. Dans les effectifs des entreprises de plus de 20 salariés, on compte 3,8% de personnes handicapées, selon l'étude de la Direction des statistiques du ministère (Dares) publiée le 8 novembre, alors que la loi impose un quota de 6%.