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Antidéprésseurs, antidiabétiques: ces médicaments que les Français ont stocké au début du confinement

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Selon une étude menée par l’ANSM, les ventes de médicaments pour le traitement des maladies chroniques ont augmenté de 20 à 40% durant les deux premières semaine du confinement. Les chercheurs observent une volonté de "stockage" de la part des Français.

C’est un corollaire de la pandémie de Covid-19 et du confinement pour le moins inattendu: les Français ont stocké des médicaments. Entre les 16 et 29 mars, c'est-à-dire durant les deux premières semaines du confinement, les ventes de traitements contre les maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension ou encore le cholestérol ont bondi, selon les chercheurs de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui ont mené une étude sur "la dispensation de médicaments en pharmacie".

Une augmentation de 20 à 40% des ventes

En se fondant sur les données de remboursement de l'Assurance Maladie, ils observent "un phénomène de 'stockage'" des médicaments de la part des Français durant cette période, qui se caractérise par "un surcroît du nombre de patients ayant eu une délivrance atteignant +20 à +40% selon les classes thérapeutiques", par rapport à la même période en 2018 et 2019. 

"Ainsi, près de 600.000 personnes supplémentaires se sont rendues en pharmacie pour la délivrance d’un antihypertenseur (traitement contre l’hypertension, ndlr)" au cours de la première semaine de confinement, et 470.000 durant les sept jours suivants. "Les chiffres atteignent respectivement 230.000 et 175.000 pour les antidiabétiques, et 270.000 et 220.000 pour les statines (traitement contre le cholestérol, ndlr)". Les chercheurs ajoutent que "la contraception orale a également fait l’objet d’une nette augmentation" avec +45,3% entre les 16 et 22 mars, soit 140.000 femmes supplémentaires.

1,5 million d'acheteurs en plus pour le paracétamol

Par ailleurs, une augmentation notable du nombre de délivrances de médicament contre les troubles mentaux a également été constatée : +22% pour les antidépresseurs entre les 16 et 22 mars, soit 182.000 personnes en plys, et +21,5% pour les antipsychotiques entre les 23 et 29 mars, soit +50.000 personnes

Enfin, un million et demi de personnes supplémentaires se sont rendues en pharmacie pour acheter des médicaments en lien avec le coronavirus, comme le paracétamol. La consommation d’ibuprofène - déconseillé par les autorités sanitaires en cas d’infection au Covid-19 - a quant à elle drastiquement diminué: sa délivrance a baissé de 60%. 

Forte augmentation de la délivrance de chloroquine

Concernant l’hydroxychloroquine, encensée par le Pr Raoult mais dont l'efficacité contre le Covid-19 reste à prouver, sa vente a "fortement augmenté, particulièrement en Île-de-France", indique l’ANSM. 

"La délivrance de chloroquine était marquée par un pic autour du 25 au 28 février en passant de moins de 50 personnes par jour à plus de 450. Cela faisait suite à la médiatisation de ce traitement potentiel", observent les chercheurs.

En revanche, les produits nécessitant une administration par un professionnel de santé, comme les vaccins, ont connu une importante diminution qui pourrait être liée à une peur de contamination du Covid-19 dans le cabinet médical. C’est le cas notamment des vaccins contre le papillomavirus (HPV) ou contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) dont l’administration a chuté de 50 à 70%.

Les visites pour les colonoscopies, scanners et IRM, "indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves" ont également diminué dans le contexte de la pandémie. L’ANSM met en garde contre le report de ces examens qui "pourrait entraîner des retards de prise en charge si la situation venait à se prolonger".

Ambre Lepoivre