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Addiction aux opioïdes: ces chiffres montrent que la France n'est pas épargnée

Les médicaments à base de codéine sont-ils trop prescrits?

Les médicaments à base de codéine sont-ils trop prescrits? - BFMTV

Les chiffres de l'Observatoire français des médicaments antalgiques sont alarmants. En un peu plus de 10 ans, les prescriptions d'opioïdes ont plus que doublé.

Ça n'arrive pas qu'aux autres, préviennent les professionnels de santé. Un accident de la route, un mal de dos handicapant, de l'arthrose et en plus des affres de la maladie, vous tombez dans une dépendance mortifère aux opioïdes. Ces antidouleurs puissants sont normalement utilisés pour lutter contre les douleurs chroniques causées par la cancer sont de plus en plus prescrits. L'Observatoire français des médicaments antalgiques (Ofma) produit des chiffres alarmants, regroupés par Le Parisien ce vendredi, qui s'inquiète de voir la crise des opioïdes qui sévit actuellement aux États-Unis être importée jusqu'en France. 

On compte dans notre pays quelque 12 millions d'accros aux opioïdes (Codéine, Tramadol, Lamaline), dont un million à leurs variantes leurs plus puissantes (Morphine, Fentanyl, Oxycodone, Hydromorphone). 

C'est une spirale infernale. Pour obtenir le soulagement des débuts, les patients doivent toujours augmenter les doses avec des effets secondaires catastrophiques à long terme sur leur santé. Après tout, les opioïdes sont originairement issus du pavot, comme l'opium ou l'héroïne. Pour les médicaments le plus forts, la prescription d'un laxatif fait d'emblée partie du traitement pour cause de constipation constante, accompagnée dans un tiers des cas de nausées et de vomissements. Des troubles cognitifs accompagnent parfois les prescriptions, avec des états confusionnels voire des hallucinations. Des douleurs abdominales, des insuffisances rénales, des dépressions respiratoires sont aussi répertoriées.

Plus de 2.000 décès par overdose par an

Las, si la prise d'opioïdes est strictement encadrée en France, les cas de dépendance ne sont pas rares. Par delà la souffrance des malades tombés dans une forme de toxicomanie, ces médicaments font aussi des morts.

Les hospitalisations ou décès pour overdose ont en 15 ans quasiment triplé. Le premières sont passées de "881 en 2010 à 2.586 en 2017". Et les morts par overdose ont explosé, "passant de 76 en 2000 à 204 en 2015".

Certes on reste très loin des chiffres constatés aux Etats-Unis. Outre-Atlantique le président Trump en a fait urgence de santé publique. En 2016, 60.000 Américains sont morts après une prise de morphine ou de produits apparentés. Mais le plus inquiétant est que cette explosion des cas problématiques résulte d'une hausse des prescriptions d'antalgiques à base opiacée. Le professeur Nicolas Authier, président de l'Ofma, s'alarme dans les colonnes du Parisien d'une "promotion pharmaceutique" à l'effet boomerang dévastateur. "Les opioïdes forts initialement délivrés pour soulager les douleurs du cancer", mais "les indications se sont étendues à d'autres douleurs chroniques", déplore-t-il.

S'il n'est pas question d'interdire les opioïdes en dépit des dérives parfois constatées, l'espoir pourrait venir d'antidouleurs de nouvelle génération, tel l'AT-121 en cours de test. Mais si ce médicament fait naître de légitimes espoirs, sa mise sur le marché pourrait prendre encore des années.

D. N.