Valls veut réformer la police et la gendarmerie

Manuel Valls a annoncé un redéploiement de policiers et de gendarmes une dizaine de départements - -
Y aura-t-il bientôt moins de policiers près de chez vous ? Cela pourrait être la conséquence du redéploiement police-gendarmerie préparé par Manuel Valls, qui propose un nouveau partage du territoire entre les forces de l'ordre. Le ministre de l'Intérieur a dévoilé mardi sa réforme dont l’objectif est de mieux répartir la police et la gendarmerie sur tout le territoire, mais surtout dégager des effectifs pour les Zones de sécurité prioritaire (les 15 premières ont été mises en place en septembre dernier et 49 nouvelles annoncées en novembre). En cas de réussite de l'opération, d'autres mouvements pourraient avoir lieu chaque année jusqu'en 2017.
Commissariats et gendarmerie sont concernés
Pour le moment, huit circonscriptions de police couvrant 19 communes passeraient en zone gendarmerie, provoquant la fermeture de sept commissariats. Les circonscriptions de Guebwiller (Haut-Rhin), Dinan (Côtes d'Armor), Castelnaudary (Aude), Thouars (Deux-Sèvres), Romorantin (Loir-et-Cher), Persan-Beaumont (Val-d'Oise) ou Saint-Gaudens (Haute-Garonne) sont concernées.
A l'inverse, neuf brigades de gendarmerie couvrant 17 communes passeraient en zone police, provoquant des fermetures de gendarmeries locales. Les villes de Plérin (Côtes d'Armor), Vineuil (Loir-et-Cher), Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), Champigneulles (Meurthe-et-Moselle) et plusieurs localités dépendant de Cergy et Gonesse (Val-d'Oise) sont concernées.
« Il faut rationaliser les effectifs »
Selon Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère, président de la commission des lois à l'Assemblée nationale, il est indispensable de réformer et de redéployer policiers et gendarmes dans un souci purement financier. « L’Etat est obligé de faire des économies compte tenu de l’endettement du pays, assure le député. Or, il y a quelques commissariats ici, quelques brigades de gendarmeries là, qui sont des îles au milieu d’océans gendarmiques ou policiers. Il est donc assez cohérent de regarder si on ne peut pas récupérer des effectifs que l’on pourrait affecter dans des zones qui en sont dépourvus. Comme on ne peut pas créer d’emploi public, en rationalisant l’usage des forces, on peut déployer des personnels là où la population en a besoin ».
« Fermer un commissariat ne garantit pas une sécurité dans l’avenir »
C’est un autre son de cloche du côté des syndicats policiers qui ne comprennent pas cette réforme. Pour eux, policiers et gendarmes travaillent de manière différentes et leur présence au quotidien n'est pas la même. « Il n’y a certainement pas besoin de fermer des commissariats, estime Jean-Claude Delage, secrétaire national du syndicat Alliance-Police Nationale. Un commissariat de police c’est 365 jours par an et 24h/24 avec des policiers qui patrouillent. Ça ne peut pas être la même chose avec la gendarmerie puisqu’il y a des gendarmeries qui ferment la nuit. Les gendarmes doivent alors se déplacer d’un endroit à un autre. Donc aujourd’hui, fermer un commissariat ne garantit absolument pas qu’à l’avenir, il y aura de la sécurité dans la ville ».