"Un encouragement à la clandestinité": Bruno Retailleau veut repenser l'AME

"On y touchera". Le 14 janvier dernier, devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a prononcé son discours de politique générale, dans lequel il n'a pas évoqué l'Aide médicale d'État (AME), dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins.
Invité de BFM Politique ce dimanche 19 janvier, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, a affirmé vouloir repenser l'AME, estimant qu'elle encourage l'immigration illégale.
"Je veux que sur tous nos systèmes sociaux, la France ne soit pas en avance, plus généreuse que les pays européens. Si on est au-dessus de la moyenne de ce que font les Européens en matière de soins, d'aides sociales, de regroupement familial, les filières des passeurs vont orienter les flux vers la France", a-t-il assuré.
Retailleau propose "une aide d'urgence"
"Ma stratégie est de se situer dans la moyenne base des pays européens. C'est le cas pour l'AME", a ajouté le ministre. En citant un rapport datant de 2023 sur l'AME, Bruno Retailleau martèle que le dispositif est un "encouragement à la clandestinité".
Or, ce rapport, commandé par le gouvernement à Claude Evin et Patrick Stefanini, soulignait au contraire "l'utilité sanitaire" de l'AME, en pointant les "limites et risques" de son remplacement par une "aide médicale d'urgence".
"Qu'on ait une aide d'urgence, oui, parce qu'on ne va pas laisser les gens mourir dans les rues", propose a contrario Bruno Retailleau. "On ne peut pas demander des efforts aux Français et ne pas en demander aux étrangers, qui sont des clandestins", a encore déclaré le ministre.
"Durcir" le droit du sol pour toute la France?
Ce dernier a également rappelé son souhait de vouloir "durcir" le droit du sol à Mayotte. Depuis 2018, une dérogation existe déjà sur le territoire, qui restreint la possibilité de devenir Français pour les enfants nés sur l'archipel. Il faut que l'un des parents ait, au jour de la naissance, été présent de manière régulière en France depuis trois mois.
Bruno Retailleau n'exclut en outre pas d'ouvrir le débat pour l'ensemble de la France, se disant "favorable" à la remise en cause le droit du sol sur tout le territoire français. "J'essaye d'ébranler les certitudes, les conformismes", a-t-il justifié.