Tristane Banon portera plainte contre Strauss-Kahn

Correction de notre dépêche transmise le 4 juillet dernier rectifiant une citation de l'avocat de Tristane Banon au paragraphe 21
PARIS (Reuters) - Tristane Banon, une Française de 32 ans qui se dit victime d'une tentative de viol de la part de Dominique Strauss-Kahn, déposera plainte mardi contre l'ancien directeur général du FMI, a annoncé lundi son avocat.
"Tristane Banon déposera plainte mardi devant le procureur de la République de Paris pour tentative de viol", a déclaré à Reuters David Koubbi, qui parle de faits "extrêmement graves".
Une tentative de viol est passible de la cour d'assises et le maximum de la peine est de 15 ans de réclusion criminelle. La peine peut être supérieure en cas de circonstances aggravantes.
Dominique Strauss-Kahn a aussitôt contre-attaqué en chargeant ses avocats de porter plainte pour dénonciation calomnieuse, a déclaré l'un de ses défenseurs, Me Henri Leclerc.
Dominique Strauss-Kahn "a pris connaissance de l'intention de Mme Tristane Banon de déposer plainte à son encontre, or les faits qu'elle évoque sont imaginaires", indique le communiqué.
De son côté, David Koubbi souligne que sa cliente, une journaliste-écrivain qui affirme que les faits présumés se sont déroulés lors d'une rencontre avec Dominique Strauss-Kahn dans le cadre de la rédaction d'un livre, avait pris sa décision de porter plainte "il y a une quinzaine de jours".
Elle s'est donc décidée avant le rebondissement qui a permis vendredi à l'ancien directeur général du Fonds monétaire international d'être libéré sur parole aux Etats-Unis, où la crédibilité de la femme de chambre qui l'accuse de tentative de viol a été gravement mise en cause par le procureur de New York.
DOSSIER "SOLIDE ET ÉTAYÉ"
"Ce qui s'est passé à New York n'a aucune incidence. Nous avons pris le temps car nous ne voulions pas être instrumentalisés par la justice américaine", a-t-il dit.
L'avocat de l'accusatrice de Dominique Strauss-Kahn aux Etats-Unis avait appelé toutes les femmes qui auraient eu à se plaindre du comportement de "DSK" à se faire connaître.
La plaignante ayant choisi le chef de tentative de viol, la prescription ne s'applique pas, contrairement à ce qui se serait passé s'il s'était agi d'une accusation d'agression sexuelle.
Tristane Banon affirme avoir été agressée par l'ancien ministre en février 2003 à l'occasion d'une interview. L'annonce de cette plainte survient alors que le dirigeant socialiste semblait proche de bénéficier d'un non-lieu aux Etats-Unis.
"Les faits se sont produits au début de l'année 2003. Ils seront donc prescrits, s'agissant d'une tentative de viol, en début d'année 2013", a expliqué Me Koubbi.
Prié de dire s'il disposait d'éléments de preuves compte tenu de l'ancienneté des faits, l'avocat a dit disposer "d'un dossier extrêmement solide et étayé".
"S'il est fait en sorte que ce dossier n'arrive pas devant une cour d'assises, que ce dossier n'ait pas à être tranché par un jury populaire comme c'est la règle, on saura à quoi s'en tenir sur le système judiciaire français", a-t-il dit à Reuters.
"INSUPPORTABLE" POUR BANON
Tristane Banon a justifié sa décision dans lexpress.fr. "Je n'en peux plus d'entendre dire que je suis une menteuse du fait que je ne porte pas plainte", a-t-elle déclaré au site d'information. "Depuis huit ans, je porte cette histoire seule, j'entends les rumeurs, les mensonges à mon sujet."
Elle a estimé que la situation devenait "insupportable" pour elle, notamment depuis la libération sur parole de Dominique Strauss-Kahn vendredi dernier.
"Et puis, aujourd'hui, de voir Strauss-Kahn libéré puis aussitôt dîner dans un restaurant de luxe entre amis, ça me rend malade", a-t-elle dit avant de décrire la "bagarre" qui lui aurait permis de se libérer de ses avances pressantes de "DSK".
En 2003, la mère de Tristane Banon, une élue socialiste, avait dissuadé sa fille de porter plainte contre Dominique Strauss-Kahn, ce qu'elle regrette aujourd'hui, tout en informant François Hollande, qui était en 2003 premier secrétaire du PS.
Depuis, sa fille envisageait une action en justice.
David Koubbi a reproché à François Hollande, candidat aux primaires socialistes en vue de la présidentielle de 2012, d'avoir tu ce qu'il savait à l'époque.
"François Hollande était au courant, il avait conseillé à la mère de ma cliente de déposer plainte", a dit son avocat.
Il a également estimé que le Parti socialiste avait "peut-être plus à perdre qu'à gagner à dire publiquement ce qu'il savait du comportement de M. Strauss-Kahn".
Gérard Bon, édité par Henri-Pierre André