Travail du dimanche à Paris: la proposition de Macron qui déplaît à Hidalgo

Faut-il ouvrir davantage les magasins le dimanche? Le débat divise encore la gauche parisienne (photo d'illustration) - Pierre Verdy - AFP
Faut-il ouvrir les magasins parisiens le dimanche? Si le ministre de l'Economie Emmanuel Macron est pour, et soutiendra cette idée lors de la présentation de la loi pour la croissance le 10 décembre en conseil des ministres, Anne Hidalgo, elle, n'y tient pas. Le rapport de la mission d'information et d'évaluation (MIE) mise en place sur le sujet par la maire de Paris représente d'ailleurs une véritable attaque contre cette mesure.
Rédigé par le conseiller PS de Paris, Bernard Gaudillère, ce rapport, publié sur le site de L'Opinion, étrille, point par point les arguments en faveur de l'ouverture dominicale. Il rappelle d'abord le "seul moment de respiration" que représente le dimanche à Paris, puis estime que l'ouverture dominicale à Paris est déjà très large: "environ 20 à 25% des commerces sont ouverts et couvrent la totalité des besoins de la vie courante".
10.000 emplois à créer, selon NKM
L'auteur du rapport conteste également l'argument économique, selon lequel l'ouverture le dimanche aurait des effets bénéfiques: pour lui, les achats dominicaux seraient "des reports d'achats de la semaine sur le dimanche", et la consommation globale resterait "inchangée".
Quant aux touristes susceptibles de quitter Paris pour aller faire leur shopping à Londres ou Berlin, la longueur de leur séjour (entre 4 et 6 jours) fait qu'ils auraient "largement le temps de se rendre dans les magasins un jour d'ouverture", assène le rapport.
Et enfin, les effets sur l'emploi seraient nuls voire contre-productifs, Bernard Gaudillère se montrant pessimiste sur les prévisions d'embauches. Des arguments que conteste Nathalie Kosciusko-Morizet, présidente du groupe UMP au conseil de Paris. "L'ouverture des commerces le dimanche c'est plus de 10.000 emplois à créer, c'est de l'activité, de la richesse. Le shopping maintenant, qu'on le veuille ou pas, fait partie de l'activité touristique", fait valoir l'élue.
La question des futures zones touristiques internationales de la loi Macron, prévues pour les Champs-Elysées ou le quartier de l'Opéra, pose elle aussi problème, car elles étendraient les zones touristiques déjà existantes. Les élus parisiens socialistes sont contre, et refusent que l'Etat prenne la décision à leur place. S'ils consentent à l'extension de la zone Francs-Bourgeois, dans le 3e arrondissement de Paris, pas question cependant d'autoriser l'ouverture des grands magasins du boulevard Haussmann.
La gauche parisienne divisée
Le rapport mise en revanche sur une certaine souplesse dans le nombre de dimanche travaillés dans l'année. Sept seraient imposés par la mairie, et cinq à la discrétion du commerçant. Mais là-dessus, les socialistes ne font pas l'unanimité. "Lorsque Nicolas Sarkozy proposait de passer de cinq à huit dimanche travaillés, les socialistes étaient vent debout contre cela", rappelle Danielle Simonnet, du Front de gauche parisien. "Donc il faut un peu de cohérence." Une opinion partagée par le groupe écologiste.
Le texte divise également au sein même du PS. Le député PS de Paris dénonce dans Le Parisien un "réquisitoire grossier instruit à charge contre le travail le dimanche (...) Au lieu d'engager un débat de manière sereine, la MIE s'est contentée d'une approche idéologique et politique", selon lui. Le rapport pourrait encore évoluer d'ici au vote jeudi des 19 conseillers de Paris membres de la mission. L'ensemble du Conseil de Paris doit se prononcer en février.