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"Submersion", "benchmarking des migrants": Collomb assume son discours droitier

Gérard Collomb

Gérard Collomb - CRÉDITJEFF PACHOUD / AFP

Gérard Collomb estime que l'immigration est un enjeu majeur du quinquennat pour mettre en échec le Rassemblement national et assume d'en reprendre le lexique.

Occuper le terrain du Rassemblement national - ex-Front national - pour l'empêcher de gagner est une tactique en vogue: à la suite de Laurent Wauquiez, président des Républicains engagé dans une surenchère droitière avec Marine Le Pen, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb assume ce dimanche dans le JDD ses déclarations transgressives sur l'immigration. 

L'épouvantail Le Pen

Un dossier clef selon ce macroniste de la première heure, auquel la gauche colle volontiers une étiquette de "facho de service" après ses déclarations sur le "benchmarking des migrants" et la "submersion" migratoire, expression jusque-là réservée aux droites "dures" et extrêmes.

"Je suis venu dans ce ministère pour changer le cours d’un destin que je jugeais funeste. Si je n’arrive pas à changer cela, nous aurons des difficultés comme en Italie. Si je ne résolvais pas ce problème d’immigration, Marine Le Pen ou son succédané sera au pouvoir dans quatre ans", revendique ainsi l'ancien socialiste, agitant l'épouvantail de l'ex-Front national.

Et de revendiquer une posture "cash" aux accents populistes:

"Je viens du terrain, je parle comme parlent les Français, je pense comme eux", assure l'ancien sénateur-maire de Lyon. "Ces mots qui apparaissent ici comme scandaleux, tout le monde les emploie dans les réunions internationales. En France, il y a une pudeur et un voile jeté sur ces sujets. Pour pouvoir agir, il faut avoir nommé."

"Plus à droite que Philippe"

S'il est encore largement méconnu du grand public, le septuagénaire est cependant conforté dans ses propos par l'opinion, 60% des Français interrogés approuvant ses sorties sur l'immigration. Une raison suffisante pour s'approprier le vocabulaire de Marine Le Pen aux yeux du locataire de la place Beauvau, dont le goût pour la provocation semble attesté.

"Il prend un malin plaisir à utiliser une sémantique qui heurte", glisse au JDD un autre macroniste de la première heure. "Collomb est plus à droite que Phillippe", confirme un parlementaire de La République en marche.

Primus inter pares dans l'episcopat macroniste, "Gérard" est intouchable et jouit ainsi d'une marge de manœuvre considérable place Beauvau. Une assise qui lui a notamment permis de défendre sans trembler son projet de loi asile et immigration, quitte à compromettre l'unité de la majorité parlementaire. "Un autre que moi se serait fait massacrer", savoure Gérard Collomb.

Louis Nadau