Rappel à la loi pour le maire d'Arcangues, opposé au mariage gay

« Je reconnais que ce n’est pas bien de ne pas respecter la loi, mais je ne lâche rien », explique Jean-Michel Colo, maire d'Arcangues, opposé au mariage homosexuel. - -
Jean-Michel Colo fait de la résistance. Le maire Divers Droite d'Arcangues, dans les Pyrénées- Atlantiques, refuse toujours de marier un couple homosexuel. Hier lundi après-midi, l'élu était convoqué par le sous-préfet dans le cadre d'un rappel à la loi. Mais qu'importe, Jean-Michel Colo est bien décidé à ne pas céder. Il rendra néanmoins sa décision définitive en fin de semaine, après consultation de ses adjoints. Quelque 200 manifestants répondant à l'appel du collectif La Manif pour tous s'étaient réunis devant la sous-préfecture pour exprimer leur soutien au maire.
« Je ne lâche rien »
La mise au point du Préfet a-t-elle changé quelque chose ? « Je ne lâche rien, répond Jean-Michel Colo. Ce préfet m’a rappelé la loi et les obligations qui pèsent sur l’officier d’état civil que je suis, et que j’exerce au nom de l’Etat. Même si je reconnais que ce n’est pas bien de ne pas respecter la loi. A partir du moment où je la considèrerais légitime, je reste sur mes positions, à un moment ou à un autre, il y aura des comptes à rendre, c’est certain. Je suis prêt ».
« Il se fout de la gueule de l’Etat ! »
De leur côté, les candidats au mariage s'impatientent : Jean-Michel Martin et Guy Martineau-Espel souhaitaient fêter leur union avant la fin juillet. Compte-tenu des dernières déclarations de leur maire, cela semble mal parti. Jean-Michel Colo ne veut pas céder. « Venant de sa part, plus rien ne m’étonne, lance Guy. Et je peux parier ce que vous voulez que jeudi rien ne sera annoncé, et que vendredi ça sera non. Faut pas se leurrer ! Il se fout de la gueule du monde, c’est tout ! Et en plus il se fout de la gueule de l’Etat, sincèrement ! Personne ne dit rien contre lui, alors autant continuer ! J’aurais voulu voir le recadrage du sous-préfet. Si recadrage il y avait, c’était une sanction, point barre. Deux conseillères municipales sont prêtes à nous marier ; il leur ferment la porte, ils ne les consultent pas, ils ne consultent que ses adjoints. Donc la délégation est très difficile à obtenir ».
Les sanctions encourues|||
Si Jean-Michel Colo s’obstine, il risque deux sortes de sanctions, cumulables. L'une administrative : le maire pourrait être suspendu ou révoqué. L'autre pénale : dans le cas où le couple homosexuel porte plainte pour discrimination, l'élu encourt devant le tribunal correctionnel, 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amendes. Jean-Michel Colo affirme qu'il fera valoir son droit à la liberté de conscience auprès de la Cour européenne des droits de l'homme, s'il le faut. Mais les magistrats de Strasbourg ont donné tort en janvier dernier à un officier civil britannique qui a été licencié. Celui-ci refusait d'unir des personnes de même sexe au nom de ses convictions religieuses. La Cour a elle mis en avant le principe de non-discrimination des homosexuels.