Pour la presse, "le véritable adversaire de Hollande a un visage, celui d'Aubry"

Martine Aubry et François Hollande sur le perron de l'Elysée, le 6 juin 2012. - Fred Dufour - AFP
"Diatribe", "réquisitoire", "attaque en règle", "vengeance": les éditorialistes n'ont pas de mot assez fort lundi pour qualifier la charge de Martine Aubry contre la politique du tandem Hollande-Valls. "Aubry sort du bois? Plutôt une bonne nouvelle", estime Libération. "La voici chef de l'opposition intérieure à la gauche, levant l'étendard de la social-démocratie si longtemps vilipendée au PS. C'est plus clair."
De fait, "le véritable adversaire de Hollande a un visage" désormais, renchérissent Les Echos. "Les 'frondeurs' étaient peu nombreux et n'avaient pas de chef. Ils ont maintenant une figure de proue et leurs rangs pourraient vite grossir tant Martine Aubry dit tout haut ce que beaucoup d'élus socialistes pensent tout bas, sur le Cice, le travail le dimanche, les seuils sociaux, les économies budgétaires, la réforme fiscale ou l'assurance-chômage."
Alors que Martine Aubry s'affiche en "rose vif", Sud-Ouest souligne qu'il "manquait aux frondeurs du Parti socialiste un solide porte-voix. Ils l'ont enfin."
"Maintenant, la fronde, c'est elle"
Dans sa "diatribe contre l'exécutif", la maire de Lille "cogne là où ça fait bien mal: elle veut un État stratège. Tout le contraire du spectacle donné par la gauche, gesticulant dans les rapides depuis deux ans", relèvent Les Dernières Nouvelles d'Alsace. "Ni les écologistes entièrement décrédibilisés, ni un Mélenchon lui-même lassé de ses ronchonnements n'incarnent une contre-proposition au tournant social-libéral de Hollande. Avec Aubry, les frondeurs du PS trouvent une voix forte et crédible."
Le retour de Martine Aubry passe par un réquisitoire "brutal dans le constat des insuffisances, frontal dans l'inventaire des atermoiements et des reniements, cruel dans le répertoire des impasses", écrit La Nouvelle République. "Maintenant la fronde, c'est elle." "La dureté de ses attaques montre qu'elle est convaincue de l'échec à venir de la politique incarnée par l'axe Valls-Macron", analyse Le Journal de la Haute-Marne. "A sa manière, elle se pose en recours, estimant sans doute qu'elle est la seule à même de ramener dans ses filets la gauche de la gauche et tous les déçus du hollandisme."
"La croisière socialiste ne va pas s'amuser car, après les frondeurs façon révoltés du Bounty, lassés par le capitaine de pédalo, voici à Lille la grande ch'timonière Martine Aubry", ironise L'Est républicain. Au fond, "Martine Aubry ne supporte pas qu'on puisse se résoudre à laisser le champ libre en 2017 à un duel entre la droite et l'extrême droite", conclut La Charente Libre. "Elle le dit sans ambages, on peut la comprendre."