Police judiciaire: les parlementaires PS dénoncent une réforme "dangereuse"

Police judiciaire (illustration). - AFP
Les groupes de députés et sénateurs socialistes dénoncent une réforme "dangereuse" de la police judiciaire (PJ) menée dans un souci de "pure rationalisation budgétaire" par le ministre de l'Intérieur, dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche. "Ce modèle fonctionne, il inspire d'autres pays. Mais il est aujourd'hui menacé", écrivent notamment le président du groupe socialiste du Sénat Patrick Kanner et celui du groupe PS à l'Assemblée, Boris Vallaud.
"La réforme de la police actuellement expérimentée dans plusieurs départements, sans que quiconque dispose du moindre début d'évaluation, risque de faire disparaître (la) PJ si elle est finalement généralisée et appliquée sans qu'aucune leçon n'ait été tirée des expérimentations", craignent les signataires.
"La Justice n'a pas besoin d'être ralentie ou davantage muselée"
"Cette réforme, menée sans concertation et d'abord dans un souci de pure rationalisation budgétaire, sacrifie tout à la lutte contre la petite et la moyenne délinquance", préviennent-ils, assurant que "la précipitation serait irresponsable et ne ferait pas taire les contestations sur le terrain".
Pour les signataires, "la Justice n'a pas besoin d'être ralentie ou davantage muselée". Ils s'étonnent d'ailleurs "du silence assourdissant du Garde des Sceaux", Éric Dupond-Moretti, dont ils attendent "une parole forte pour défendre un pilier de l'institution judiciaire".
L'éviction vendredi du patron de la police judiciaire pour le sud de la France, au lendemain d'une action de ses troupes contre la réforme de la PJ, a suscité l'indignation générale d'une institution habituellement taiseuse, faisant descendre des centaines policiers dans la rue.
La réforme de la PJ, portée par Gérald Darmanin et le patron de la police nationale, Frédéric Veaux, donne lieu à une énorme réticence. Le projet prévoit de placer tous les services de police d'un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et PJ - sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.