Pesticides: le gouvernement justifie son projet de décret en s'appuyant sur la science
Maintenir cinq à dix mètres a minima de distance entre les zones d'épandage de pesticides et les habitations, c'est la teneur du projet de décret que le gouvernement a officialisé ce samedi, et dont les contours ont été révélés par BFMTV vendredi soir. Un texte qui sera soumis à consultation à compter de lundi.
Insuffisant pour les écologistes et les associations, strictement scientifique, selon l'exécutif. Pour adopter cette mesure, le gouvernement s'est en effet appuyé sur des recommandations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Des éléments -largement appuyés sur ces données scientifiques- brandis de toute part par les membres du gouvernement chargés de défendre ce projet de décret.
"C'est un problème de santé publique que nous prenons en compte et nous souhaitons le faire de manière scientifique, dépassionnée. On a une ambition très forte en matière de réduction d'utilisation des pesticides, nous en avons donné un exemple sur le glyphosate en particulier mais nous avons aussi la préoccupation de faire des choix qui soient des choix étayés scientifiquement", a fait valoir la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye au micro de BFMTV.
Une décision qui serait scientifique et non politique
Même son de cloche du côté du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, en première ligne sur ce dossier:
"Ce n'est pas une décision du gouvernement, le gouvernement s'est appuyé sur une décision de scientifiques de l'Anses, qui est une autorité indépendante faite de scientifiques, de professionnels, de médecins. (...) Cette autorité nous dit qu'avec cinq mètres pour les cultures basses et dix mètres pour les cultures hautes, les riverains sont protégés. Il ne faut pas polémiquer sur ce sujet. (...) Nous nous appuyons sur la science, et pour la première fois, il va y avoir un débat public sur le sujet, nous l'ouvrons à partir de lundi pendant un mois et ce gouvernement est l'un des premiers gouvernements en Europe à décider que nous allons sortir du glyphosate au 1er janvier 2021. (...) C'est ça les actes", a martelé le ministre auprès de BFMTV.
"C'est un enjeu de santé publique, un enjeu trop important pour qu'on soit dans les polémiques et les caricatures. Nous sommes partis de l'avis de l'Anses qui se fonde sur l'avis d'experts indépendants pour faire des recommandations, et qu'on suit strictement", a fait valoir la ministre des Transports Élisabeth Borne auprès de l'Agence France-Presse (AFP).
Dans un autre registre, mais toutefois sans égratigner le gouvernement, l'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a commenté cette annonce auprès de notre antenne: "Ça paraît un peu dérisoire", a-t-il lâché, notant toutefois "qu'au moins, déjà il y a une démarche". Même s'il n'est pas dit qu'il l'aurait lui-même endossée s'il était encore aux affaires.