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Parti socialiste

Qui est Thierry Marchal-Beck, l'ancien président du MJS accusé d'agressions sexuelles?

Thierry Marchal-Beck, ancien président du Mouvement des jeunes socialistes, en novembre 2011 à Paris

Thierry Marchal-Beck, ancien président du Mouvement des jeunes socialistes, en novembre 2011 à Paris - Joël Saget-AFP

Militant pour Lionel Jospin et Barack Obama, Thierry Marchal-Beck, ancien président du Mouvement des jeunes socialistes accusé de harcèlement et d'agressions sexuelles par huit femmes, a rapidement grimpé les échelons politiques. Jusqu'à intégrer le cabinet d'un ministre.

Il est accusé de harcèlement et d'agressions sexuelles. Huit femmes témoignent dans les colonnes de Libération et accusent Thierry Marchal-Beck, ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) entre 2011 et 2013. Les faits se seraient déroulés entre 2010 et 2014. À l'époque, toutes les victimes étaient militantes ou cadres du MJS, antichambre et pouponnière des futurs cadres socialistes. 

Du syndicat lycéen aux Jeunes socialistes

Thierry Marchal-Beck, qui aura 32 ans ce samedi et qui était surnommé "TMB" au MJS, a commencé à militer très tôt. "Ma famille est très engagée dans la politique, cela m'est venu naturellement", confiait-il au Lab. Originaire de Lorraine, indique Libération, fils d'un inspecteur de l'Éducation nationale et d'une proviseure, il rejoint à 15 ans dès son entrée au lycée l'Union nationale lycéenne (UNL). Deux ans plus tard, il adhère au MJS, avec lequel il participe à la campagne présidentielle de Lionel Jospin en 2002.

Après le baccalauréat, il passe par l'Institut d'études politiques de Lille. En 2007, il part étudier un an aux États-Unis. Là, il s'engage avec les volontaires de la campagne présidentielle de Barack Obama. Cette période aura été "une révélation pour la suite de ma carrière (...) C'est ce qui m'a convaincu de faire de la politique", assurait-il encore au Lab.

"Être de gauche, c'est vouloir lutter contre les inégalités qui ne sont pas naturelles", estimait-il lorsqu'il évoquait son engagement politique.

À son retour en France, rapporte 20 Minutes, Thierry Marchal-Beck rédige son mémoire sur "La racialisation des identités Hutu et Tutsi dans la région des Grands Lacs dans les années 1930" à l'université de Paris-Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Et commence à grimper les marches. En 2009, il intègre l'équipe nationale du MJS et est nommé secrétaire national au Projet 2012. Deux ans plus tard, en novembre 2011 lors du congrès des jeunes socialistes à Strasbourg, il en est élu président avec 71,6% des voix.

"Les violences faites aux femmes, un fléau"

Thierry Marchal-Beck se pose alors en militant de la cause féministe et des droits des femmes. Comme le rapporte la journaliste de Libération qui a enquêté, il lui arrivait d'encourager "ses militants à rejoindre l'association Osez le féminisme" ou de rappeler "les règles sur le consentement sexuel dans le bus roulant vers un congrès".

Lors d'un discours, il déclare: "Être jeune socialiste, c'est être un militant de l'universalité des droits. C'est pour cela que nous sommes militants féministes et LGBT". Lors de sa dernière prise de parole en tant que président du MJS en 2013, à l'université d'été du PS, il dresse le portrait de sa France du futur, évoquant même les violences faites aux femmes.

"La plus grande révolution de la France de 2025, c'est que la nation est devenue un symbole de l'égalité femmes-hommes à travers le monde (...) On ne compte plus les crèches, les bâtiments publics, s'appelant Olympe de Gouges, Suzanne Lacore, Yvette Roudy, Simone Veil, Najat Vallaud-Belkacem. En 2025, l'égalité salariale est la norme (...) Les violences faites aux femmes reculent même si elles demeurent un fléau."

Chauffeur de salles et chef de cabinet adjoint

En 2011, lors de la primaire socialiste, Thierry Marchal-Beck est à la tête des Jeunes avec Martine Aubry. L'année suivante, il lui arrive de jouer les chauffeurs de salles pour François Hollande, se souvient franceinfo. Après l'élection du candidat socialiste, il prend ses distances avec le nouveau locataire de l'Élysée, ce qui lui vaut des remontrances de la part de Martine Aubry, raconte Le Point.

En novembre 2013, il quitte la tête du MJS. "On m'a indiqué la porte parce que je ne pensais pas comme les dirigeants", s'indigne-t-il alors sur franceinfo, estimant avoir été évincé pour ses positions trop à gauche. Début 2014, il rejoint le cabinet de Benoît Hamon à Bercy et le suit ensuite au ministère de l'Éducation nationale, nommé chef de cabinet adjoint. Mais le départ de Benoît Hamon du gouvernement donne un coup de frein à son ascension.

Dans l'équipe de campagne du candidat Hamon

Comme le détaille L'Express, Thierry Marchal-Beck se tourne alors vers le monde de l'entreprise et travaille successivement pour Alliance 7, la Fédération de l'épicerie, et le Syndicat du chocolat. Puis il réintègre la vie politique avec la candidature de Benoît Hamon lors de la dernière élection présidentielle. Il fait partie de son équipe de campagne en s'occupant du projet puis de la mobilisation.

Après l'échec de son candidat dans la course à l'Élysée, il prend en octobre dernier le poste de délégué général de l'Union nationale des associations de tourisme et de plein air, indique L'Express. Si le trentenaire a refusé de répondre aux accusations portées contre lui, il a assuré se tenir à la disposition de la justice. Mais la majorité des faits est prescrite et aucune plainte n'a encore été déposée.

Le Parti socialiste a réclamé des "suites judiciaires". Les "témoignages sont d'une extrême gravité. Ils ne sauraient rester sans suites judiciaires adéquates", a fait savoir le PS dans un communiqué. 

Céline Hussonnois-Alaya