Plan d'économies: l'épreuve du feu pour Manuel Valls

Manuel Valls ke 8 avril à l'Assemblée nationale, après son discours de politique générale. - -
Plus qu'un test, le vote du plan d'économies ce mardi à l'Assemblée ressemble à une épreuve du feu pour Manuel Valls. A partir de 14 heures, le Premier ministre présentera officiellement devant les députés son plan de stabilité 2014-2017, qui comprend un plan d'économies de 50 milliards d'euros. Puis, avant de passer au vote - qui n'est que consultatif - les députés débattront. Et la discussion s'annonce vive, tant ce plan d'économies a provoqué une fronde au sein de la majorité socialiste, même s'il a été validé par le bureau national du PS lundi soir.
Des annonces "inacceptables en l'état"
Les détails fournis par Manuel Valls sur le plan, le 16 avril dernier, allument la mèche: entre autres, il annonce le gel des prestations sociales jusqu'à octobre 2015. Christian Paul, député PS, dénonce des annonces "inacceptables en l'état". D'autres dénoncent aussi la forme: Jérôme Guedj et Michel Pouzol, députés de l'Essonne, s'étonnent d'apprendre le détail de ces mesures à la télévision.
Le 17 avril, "onze frondeurs" écrivent à Manuel Valls pour dire leur désaccord. Appartenant à l'aile gauche du PS, ces députés suggèrent un "contrat de majorité" avec un plan d'économies de 35 milliards d'euros au lieu de 50. Les langues se délient. Face à Michel Sapin, venu présenter le programme de stabilité le 23 avril dernier, une quarantaine de députés socialistes font savoir leur mécontentement, et proposent de nouveau une alternative au plan gouvernemental. Un autre groupe de députés appartenant à la commission des finances, remet mardi dernier à Manuel Valls trois scénarios alternatifs. Décidément, ça ne passe pas.
Des soutiens inattendus
Pourtant, le Premier ministre tente de rassurer sa majorité. Recevant tour à tour les radicaux de gauche et les délégations de députés PS, il communique, explique. Il adoucit son plan, en promettant un geste sur les petites retraites. Mais les sceptiques ne changent pas d'avis, malgré les menaces distillées par les membres du gouvernement. Bruno Le Roux, chef des députés, brandit "les conséquences de l'absence de responsabilité". Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, va même plus loin: "si on ne soutient pas son camp, on soutient le camp adverse", affirme-t-il sur BFMTV.
Lundi, face à la dernière ligne droite qui le sépare du vote, Manuel Valls a écrit une dernière fois aux députés de la majorité pour tenter de les convaincre. Lundi midi, il s'est aussi fendu d'un discours, dans le cadre d'un séminaire sur l'emploi, pour rappeler que le pacte de responsabilité n'était pas un cadeau aux entreprises. Façon, une fois encore, de rassurer l'aile gauche du PS.
Mais le Premier ministre le sait, il sera compliqué d'obtenir une majorité, alors que sa crédibilité est en jeu. A moins que des soutiens inattendus lui permettent de s'en sortir. Frédéric Lefèbvre, député UMP, a déjà prévenu qu'il voterait le plan. François Bayrou, président du MoDem, a lui aussi salué "une bonne direction", tandis qu'Yves Jégo, remplaçant temporaire de Jean-Louis Borloo à la tête de l'UDI, a répété que le plan allait "dans le bon sens". Et si le "oui" venait de ceux qu'on n'attendait pas?