BFMTV
Parti socialiste

Martine Aubry plaide pour "une gauche la plus large possible mais pas avec Jean-Luc Mélenchon"

La maire socialiste Martine Aubry à Lille le 2 juillet 2024

La maire socialiste Martine Aubry à Lille le 2 juillet 2024 - Sameer Al-Doumy / AFP

La maire de Lille, qui a annoncé sa démission jeudi dernier, attaque une nouvelle fois le leader insoumis, dont elle critique "la brutalité".

Certes, Martine Aubry va passer la main à la mairie de Lille et mettre fin à 24 ans de règne. Mais celle qui fut ministre et première secrétaire du PS a déjà prévenu qu'elle ne prenait pas sa "retraite politique". Elle compte peser. La preuve avec cette interview accordée ce mercredi 12 mars à France Inter, dans laquelle la socialiste de 74 ans se prononce sur l'avenir de la gauche à quelques mois d'un congrès déterminant pour son parti.

Pour la suite, il faudra faire sans l'un de ses anciens camarades, Jean-Luc Mélenchon, côtoyé des années durant au PS mais aussi dans le gouvernement Jospin pendant quelques mois, estime la Nordiste, qui critique la "brutalité" du fondateur de La France insoumise, "cette façon permanente d'être dans la provocation, de ne pas respecter les institutions."

"Je ne pense pas qu'il changera"

Son message est clair: "Il faut effectivement une gauche la plus large possible, mais pas avec Jean-Luc Mélenchon." "S'il ne change pas" ce dernier "se présentera de toute façon", parie Martine Aubry, plutôt sûre de son fait: "Je le connais depuis très longtemps, je ne pense pas qu'il changera".

Martine Aubry et Jean-Luc Mélenchon à Paris le 22 mars 2005 lors d'un colloque organisé à l'occasion du centenaire du PS, ex-SFIO
Martine Aubry et Jean-Luc Mélenchon à Paris le 22 mars 2005 lors d'un colloque organisé à l'occasion du centenaire du PS, ex-SFIO © JEAN AYISSI / AFP

Dans les colonnes du Monde, l'édile avait déjà chargé l'ancien sénateur socialiste jeudi dernier. Tout en reconnaissant que l'alliance du Nouveau Front populaire, formée par les socialistes, les insoumis, les écologistes et les communistes aux dernières élections législatives, "a permis à la gauche d'arriver en tête", elle ajoutait:

"On ne peut pas construire l’union de la gauche si l’un des partenaires considère qu’il a raison contre tous les autres. Je plaide pour une gauche solidaire, où chacune des composantes est accueillante aux idées des autres. Avec Jean-Luc Mélenchon, c’est la gauche sectaire: 'Ou vous vous soumettez à mes oukases, ou je vous démets.' Les Français ne supportent plus ses provocations, ses exagérations. D’une manière générale, j’aspire à ce que la politique retrouve sa noblesse."

Pour l'instant, le berger n'a pas donné sa réponse à la bergère, même si le député du Nord Aurélien Le Coq s'en est chargé sur X, raillant une Martine Aubry qui "fait du François Hollande", l'ancien président étant un critique notoire des insoumis. Jean-Luc Mélenchon aura peut-être l'occasion de donner la réplique lui-même au micro de France Inter, dont il sera l'invité ce jeudi.

"Il ne faut pas refaire le congrès de Marseille"

Mis à part ce dernier, Martine Aubry s'arrête également sur le congrès du PS, qui se déroulera au printemps en plusieurs étapes. "Il ne faut pas refaire le congrès de Marseille. Où il y avait les Hollandais d'un côté (...) et les partisans d'Olivier Faure de l'autre côté", met-elle en garde, alors que ce scrutin, organisé début 2023 et émaillé d'accusations de triche, avait fracturé le Parti socialiste.

Si Olivier Faure, actuel Premier secrétaire, compte se représenter, de même que François Hollande s'oppose une nouvelle fois à sa nomination, Martine Aubry évoque "ce qu'essaye de faire aujourd'hui Boris Vallaud en disant 'réconcilions nous". Le chef des députés socialistes est l'auteur principal d'une tribune publiée en ce sens dans Libération ce mercredi. Une publication où il semble poser les jalons d'une éventuelle candidature, sans jamais le dire explicitement.

Alors que Boris Vallaud appelle également à un "congrès d'affirmation et d'idées", "un congrès de doctrine", Martine Aubry déclare: "Réconciliation et doctrine, oui. On aurait pu s'y mettre un peu plus tôt sur la doctrine." De là à affirmer que le député des Landes ferait un bon premier secrétaire? "Je ne répondrai pas à cette question", élude l'intéressée.

Auprès du Monde, elle s'est montrée plus bavarde au sujet des motions de censure déposées à l'encontre de François Bayrou - après sa déclaration de politique générale et ses 49.3 pour faire passer les projets de budget - et non-votées par l'immense majorité des députés PS.

Martine Aubry a ainsi confié avoir "appelé les responsables du PS, Olivier Faure et Boris Vallaud, pour leur dire pourquoi (elle) pensai(t) qu'il ne fallait pas voter la censure du gouvernement Bayrou". La retraite est encore loin.

Baptiste Farge