"La gauche du rien": Faure répond aux critiques de Mélenchon après les négociations sur le budget

Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, le 31 août 2024 à Blois dans le Loir-et-Cher - GUILLAUME SOUVANT / AFP
Les bisbilles s'enchaînent à gauche depuis la nomination de François Bayrou à Matignon autour des négociations à effectuer, ou non, avec son gouvernement. Nouvel épisode dans cette longue série ce jeudi 9 janvier.
Le Parti socialiste répond au leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé celui-ci ainsi que le Parti communistre français et Les Écologistes, de "forfaiture" contre l'alliance du Nouveau Front populaire mercredi soir, après une réunion entre les trois forces de gauche et le gouvernement à Bercy dans le cadre du futur projet de budget.
"La gauche du tout ou rien, c'est aujourd'hui la gauche du rien", cingle en retour Olivier Faure, premier secrétaire du parti au poing et à la rose, sur TF1. Avant de justifier sa stratégie: "Moi, ce que je veux c’est arracher des victoires, faire en sorte que la politique conduite depuis sept ans puisse connaître une inflexion." Et de mettre en avant la nécéssité de parvenir à un "compromis", faute de majorité à l'Assemblée nationale.
"Nous n'avons pas l'ambition de faire appliquer tout le programme"
Autrement dit, "nous n'avons pas l'ambition de faire appliquer tout le programme, rien que le programme", dit encore Olivier Faure, cherchant là aussi à se distinguer des insoumis.
Ces derniers ont pour l'instant refusé d'entrer formellement en négociations avec le gouvernement, préférant attendre la déclaration de politique générale de François Bayrou le 14 janvier. Éric Coquerel, président LFI de la commission des finances, doit néanmoins se rendre à Bercy ce jeudi.
Le mouvement pousse depuis des semaines pour une démission d'Emmanuel Macron, jugeant qu'il s'agit de la seule solution pour mettre un terme à l'instabilité politique.
Les insoumis critiquent largement les décisions de leurs collègues. Dans sa réaction de mercredi soir, Jean-Luc Mélenchon tance sur X une "petite gauche traditionnelle", qui n'a "rien à offrir", tout en s'en prenant aux "négociateurs" socialistes, communistes et écologistes "ridicules de servilité", d'après lui.
"Retour d'une détestation populaire du PS"
Entre LFI et le PS, chacun met la pression sur l'autre. "Si vous votez le budget vous êtes dans le soutien du gouvernement", a fait valoir le coordinateur de LFI Manuel Bompard mercredi soir, selon l'AFP, ajoutant: "Je commence à sentir le retour d'une détestation populaire du PS à un niveau post-Hollande. Olivier Faure a eu la chance d'avoir la Nupes, ça a permis au PS de revenir en manifestation. Attention, je les mets en garde, les sifflets pourraient revenir plus vite que prévus."
Côté socialiste, on cultive la culture de parti de gouvernement. Olivier Faure joue l'opinion sur TF1: "Nous ne cherchons rien d’autre que de satisfaire les Françaises et les Français", explique-t-il. Quant au Nouveau Front populaire, si l'alliance venait à exploser, Olivier Faure prévient par avance: "ce n'est pas moi qui rompt" dit-il, renvoyant la faute à Jean-Luc Mélenchon, dont il dénonce "l'intransigeance" et "l'obsession présidentielle".
Reste que si chacun multiplie les mises en garde, rien n'est fait dans cette séquence. Aucun accord actant une non-censure n'est à déclarer chez les socialistes pour l'instant. "Il est difficile de dire ce qu'il en sera au final", admet Olivier Faure, tout en soulignant une "volonté exprimée de part et d'autre de parvenir à un accord".
Selon des informations de Libération, les socialistes ont formulé plusieurs demandes au gouvernement, dont la suspension de la réforme des retraites, le fait de renoncer à la suppression de 4.000 postes d'enseignants prévue par le précédent gouvernement ou encore le maintien de l'Aide médicale d'État dans sa version actuelle.
D'autres rencontres doivent encore avoir lieu. "Nous nous reverrons bien sûr", promet Olivier Faure. En attendant la bataille continue à gauche. Manuel Bompard en remet une couche après la sortie du premier secrétaire sur TF1. "L'obsession présidentielle" de Jean-Luc Mélenchon? "Les seules obsessions des insoumis, ce sont le respect du mandat que lui ont donné le peuple et la protection du pays de 3 ans supplémentaires de politiques macronistes", réplique-t-il sur X.