Parti pris : Pas de vacances pour la communication gouvernementale

L'opération communication de l'exécutif se poursuit durant ces vacances. Cette semaine, c'est Jean-Marc Ayrault qui axe sa stratégie sur la France de 2025. Pour faire oublier la panade dans laquelle se trouve le pays aujourd'hui ?

Je soupçonne l'équipe gouvernementale de ne plus savoir ni quoi dire, ni quoi faire pour redonner espoir aux Français. Résultat, au lieu d'évoquer les sujets qui fâchent - dernier exemple en date, la croissance zéro en 2013 comme le laisse désormais entendre le ministre de l'Economie - l'idée de Jean-Marc Ayrault, c'est donc de parler toute cette semaine de la France du futur. Certes, c'est louable de penser à l’avenir, c'est même le rôle d'un président ou d'un chef de gouvernement de montrer tel un berger à ses ouailles le meilleur chemin à suivre. Rappelez-vous, le Général De Gaulle dans les années 70 demandant à quelques ingénieurs de plancher sur un train à grande vitesse pour la France des années 80, 90 : notre TGV. Le général était persuadé que la France aurait besoin de se déplacer plus vite, pour les affaires comme pour les loisirs. Il avait vu juste.
Reste à savoir si l'exécutif actuel aura lui aussi la truffe humide et le flair assez développé pour nous emmener vars la France de 2025. Echéance autour de laquelle tous les ministres ont reçu la mission de réfléchir avant de confronter leurs idées lors d'un séminaire gouvernementale autour de François Hollande dans une semaine.
Et après ? Certains députés socialistes que j'ai pu joindre, l'affirment : pas certain que la France 2025 dépasse l'été, d’autant qu’il y a quand même d'autre urgences. Des élus locaux qui ont les pieds sur terre et pour cause : actuellement dans leur circonscription, ils sont au contact de la dure réalité, sous la pression de leurs électeurs.

Mais ce lundi matin, le Premier ministre reçoit à Matignon des enfants défavorisés qui ne partent pas en vacances, preuve qu'il est axé sur le présent et pas que sur la France du futur ?

Il ne reçoit pas 300 enfants du Secours populaire juste pour faire « mumuse » avec eux dans les jardins de Matignon. Certes, il y aura tout un tas d'activités de 11h à 16h : escrime, foot, Zumba et stand de barbe à papa… Mais le Premier ministre, au-delà d'accorder à ces pauvres gosses un peu de rêve, veut surtout servir sa cause. A la mi-journée, lorsque les journalistes seront autorisés à pénétrer dans le jardin, il apparaitra devant les caméras et les micros comme par enchantement pour parler à ces 8/12 ans de l'avenir de la France. Il leur dira sans doute, « c'est vous la France de 2025, c'est vous l'avenir ».
Bref, une séquence de communication bien orchestrée durant laquelle le Premier ministre se sera servi d'enfants en difficulté pour faire passer un message, pour montrer aux Français en vacances qu’il y a un chef et qu’il est bien présent. Ensuite, les gamins pourront visiter son bureau aux moulures recouvertes de feuilles d'or, avant de retourner à leur triste quotidien. Appartements vétustes, et parents au chômage. La vrai vie quoi ! C'est vrai que dans ces conditions à 8,10 ou 12 ans, on rêve toujours d'un avenir meilleur.

La rédaction