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Parlement

Motion de censure: "Je sais où je vais", assure Jean-Marc Ayrault

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L'UMP propose mercredi aux députés de voter une motion de censure contre la politique économique du gouvernement. Sommé de justifier ses choix, Jean-Marc Ayrault a aussi dû imposer sa stature de chef. Retour sur les principaux arguments défendus par chaque camp dans l’hémicycle de l'Assemblée nationale.

L'initiative est surtout symbolique mais devrait permettre à l'UMP de se repositionner comme "le" parti d'opposition. Mercredi est présentée à l'Assemblée la motion de censure déposée par l'UMP contre la politique économique du gouvernement.

Si la motion a peu de chance d'être adoptée -la gauche détenant la majorité absolue des sièges à l'Assemblée-, elle oblige le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à un grand oral pour justifier ses choix et, en filigrane, défendre les arbitrages de François Hollande. Le résumé des interventions des deux hommes avant le vote, prévu aux alentours de 19h.

Jean-François Copé, premier à s'exprimer

Premier à prendre la parole, Jean-François Copé, président de l'UMP et à l'initiative de la motion, a multiplié les critiques devant les députés.

• Un constat: "l'heure est grave". Evoquant "un devoir particulier, faire de ce débat un moment démocratique", Jean-François Copé a insisté sur la "nécessité pour le gouvernement de changer de chemin tant qu'il est encore temps".

• Un coupable: le gouvernement. "Les Français voient que vous nous administrez une mauvaise médecine. Vous semblez avoir la certitude de ceux qui, persuadés d'être dans le vrai puisque dans la doctrine, marchent avec détermination vers l'abîme", a-t-il épinglé, désamorçant déjà ce qu'il croyait être l'argumentaire de Jean-Marc Ayrault: "je vous entend déjà dire que ce n'est pas de votre faute mais celle de Nicolas Sarkozy". "La responsabilité, c'est vous qui la portez et non quelqu'un d'autre", a-t-il martelé, incitant le gouvernement à "commencer par tirer les conséquences de (ses) échecs".

François Hollande cible des critiques

• Un chef déficient: François Hollande."Nous sommes le pays européen qui peut le mieux tirer son épingle du jeu. Que manque-t-il donc? Il manque les bonnes décisions ordonnées à un grand dessein", a assuré Jean-François Copé. Et de concentrer ses critiques sur François Hollande. Rappelant les objectifs définis par le président pour juger de sa politique économique - inverser la courbe du chômage en 2013, augmenter la croissance, ramener le déficit public à 3% et réorienter l'Europe avec un budget de croissance - Jean-François Copé s'est interrogé: "de ces quatre engagements de François Hollande, que reste-t-il?" "Quatre engagements, quatre renoncements et quatre échecs", a-t-il fustigé.

"Après être entré dans l'Histoire comme le président des impôts, François Hollande restera comme celui du chômage", a prophétisé le président de l'UMP.

• Une solution: répondre à "quatre priorités". Pour Jean-François Copé, le changement de cap passe par "quatre priorités": baisser les impôts, redonner du pouvoir d'achat, "arrêter d'emmerder les Français" -"arrêtons de faire perdre du temps et de l'énergie à ceux qui créent de l'emploi", a expliqué Copé-, et enfin "gagner la bataille de l'imagination". "Au lieu de faire de la France un enfer fiscal, faites-en une terre d'innovation", a-t-il poursuivi à l'adresse de Jean-Marc Ayrault. "Soyez Clémenceau, ne soyez pas Mitterrand ou Jospin", a-t-il encore lancé.

Ayrault répond à Copé

Après une salve d'applaudissements dans ses rangs, Jean-François Copé a cédé sa place au Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

• Refuser la polémique. "En écoutant votre réquisitoire contre mon gouvernement, je songeais au conseil de Clémenceau: 'Ne craignez pas de vous faire des adversaires; si vous n’en avez pas, c’est que vous n’avez rien fait', a débuté Jean-Marc Ayrault. Je n’ai ni le goût ni le temps de me perdre dans cet esprit de querelles… Le 6 mai 2012, le peuple a tranché les responsabilités. Il vous a censurés, il nous a mandatés."

• Attaquer le bilan précédent. "Vous avez déposé le bilan de la France, et bien nous, nous le redressons", a-t-il ensuite rétorqué à Jean-François Copé. "Il n'est pas question de remplacer une austérité de droite par une austérité de gauche", a toutefois déclaré Jean-Marc Ayrault, qui, citant Pierre Mendès-France, a assuré: "Gouverner, c’est choisir".

"Je sais où je vais"

• Se poser en capitaine de navire avisé. "Je sais où je vais. Je sais comment le faire. Je sais ce que la France doit être au terme de ce quinquennat", a lancé Jean-Marc Ayrault avant de prendre huit engagements solennels en terme de "fiscalité, d'emploi, de jeunesse, de protection sociale ou encore de désendettement".

• Assumer ses choix. Puis, répondant à Jean-François Copé qui l'incitait à prendre exemple sur l'Allemagne, Jean-Marc Ayrault a lancé: "Un jour, on vante les vertus du modèle britannique, un autre c’est le miracle allemand, un troisième l’exemple américain, ou brésilien, et même russe pour certains. Mon modèle à moi c’est la France! Ma référence, c’est la République!"

• Réaffirmer "l'exemplarité du gouvernement". En réponse à Jean-François Copé qui a attaqué le gouvernement sur sa moralité et estimé à propos de l'affaire Cahuzac que si "les faits étaient avérés", ce serait "extrêmement grave", le Premier ministre a lancé: "Je salue Jérôme Cahuzac qui a fait preuve de dignité et de responsabilité".