L'Assemblée nationale a frappé au portefeuille de ces députés pour sanctionner leur comportement

Les députés à l'Assemblée nationale le 11 décembre 2023 - Ludovic MARIN / AFP
Un air de grande sévérité. Le bureau de l'Assemblée nationale qui se réunit chaque mois a décidé ce mercredi 13 décembre de frapper au porte-monnaie plusieurs députés de la Nupes pour des propos tenus en séance ou en commission.
Premier visé: Ugo Bernalicis. Le député La France insoumise avait créé une altercation le 30 novembre en demandant à la commission des lois de suspendre sa séance pour permettre aux députés d'assister à la niche parlementaire des insoumis au même moment dans l'hémicycle.
Une indemnité parlementaire divisée par deux
Le président de la commission des Lois avait alors refusé, au grand agacement d'Ugo Bernalicis.
"Il faudra employer la force physique si vous voulez me virer de cette commission! Je resterai là tant qu’elle ne sera pas suspendue", avait alors lancé le parlementaire, en faisant référence à l'usage qui veut qu'on suspende les travaux en commission dans ce genre de cas.
La scène avait plongé la commission dans la cacophonie, entre interpellations bruyantes et invectives de députés. Il a écopé ce mercredi matin d'une baisse de moitié de son indemnité parlementaire fin décembre, soit 3.802 euros brut au lieu de 7.605 euros brut.
Sanctionné pour avoir accusé une députée LR d'être "raciste"
Parmi les motifs invoqués par Yaël Braun-Pivet dans un communiqué de presse, sont cités "la perturbation du déroulement des débats, le trouble de l'ordre et la provocation d'autres députés de manière outrancière".
Mais l'insoumis n'est pas le seul à avoir été sanctionné. Son collègue Sébastien Delogu va également voir son indemnité parlementaire amputée de 25%, soit une baisse de 1900 euros. Lors d'un débat dans l'hémicycle la semaine dernière, il avait accusé la députée LR Michèle Tabarot d'avoir une famille qui "a colonisé l'Algérie", la traitant de "raciste".
Si cette proche d'Éric Ciotti, la fille d'un des fondateurs de l'OAS, avait bien réclamé des "sanctions", Sébastien Delogu n'avait pas provoqué de trouble spécifique en séance.
Yaël Braun-Pivet veut donner "un coup d'arrêt aux dérives"
La députée écologiste Sandra Regol a également été sanctionnée. "Au Rassemblement national, elles sont nombreuses les affaires sur des pédophiles et des violeurs qui n'ont jamais été prises en compte", avait lancé la députée fin novembre, disant qu'elle pouvait "donner les noms parce que ce sont des élus". Elle se voit priver d'un quart de son indemnité parlementaire.
Même sanction pour l'Insoumis Antoine Léaument qui avait traité des élus RN de "nazis", en rappelant l'histoire du parti, cofondé notamment par des Waffen-SS.
Le député RN Jocelyn Dessigny est également privé du quart de son indemnité durant un mois pour avoir taxé le Renaissance Remy Rebeyrotte de "nazillon". Dans le camp de la présidente de l'Assemblée nationale, on assume.
"Le bureau a souhaité donner un coup d'arrêt à une dérive des comportements qui nuit au bon fonctionnement de l'institution", selon un communiqué de la présidente de l'Assemblée nationale.
"Une escalade répressive"
Le total des sanctions en bientôt 18 mois de mandature est de 145, très loin des 16 sanctions prononcées entre 2017 et 2022. Mais leur multiplication agace fortement.
"Je tombe des nues", a expliqué Sandra Regol auprès de LCP, disant appuyer ses dires sur "des faits, des condamnations avérées. Je ne profère pas des allégations". Antoine Léaument a vu, lui, dans la décision du bureau, une volonté de "mater" les oppositions.
"On vient d’avoir une escalade répressive que nous trouvons extrêmement grave pour la démocratie", a encore insisté la présidente des députés insoumis Mathilde Panot lors d'une conférence presse.