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Opposants ou constructifs, les élus de droite vent debout contre l'exonération de taxe d'habitation

François Baroin (Photo d'illustration)

François Baroin (Photo d'illustration) - Martin BUREAU / AFP

Lors de la conférence des territoires, Emmanuel Macron a rappelé ce lundi après-midi sa volonté d'exonérer de la taxe d'habitation 80% des ménages français. Les élus de droite assurent que les collectivités locales ne s'y retrouveront pas du tout.

Emmanuel Macron a persisté autant que signé ce lundi au Sénat lors de la conférence des territoires. Le Président compte bien exonérer du paiement de la taxe d'habitation 80% des ménages français. Il l'a qualifié d'"impôt injuste" et souhaite que ces exonérations aient lieu "dès la rentrée prochaine". L'idée soulève unanimement des marques d'hostilité à droite, peu importe la sensibilité. 

Une mesure qui ne plairait pas à "un élu local sérieux"

L'un de ses chefs de file, François Baroin, a fait part de son "opposition" claire et nette sur le sujet, dans une conférence de presse tenue immédiatement après la prise de parole du chef de l'Etat. "Vous ne pouvez pas trouver un élu local sérieux (…) qui sera favorable à la suppression d’un impôt qui lui permet d’avoir un lien direct avec ses citoyens, de financer ses services publics", a-t-il dit. Plus tôt sur RTL, le sénateur-maire de Troyes avait déploré que, selon lui, "à la fin en tout cas plus de 60, 65% de nos budgets dépendront des dotations".

Lors de la conférence des territoires, le président du Sénat, Gérard Larcher, a lui aussi utilisé l'argument d'un lien entre le contribuable et son territoire incarné par la taxe d'habitation. Il a aussi lancé que la vaste exonération prévue "ne résoudra(it) pas les inégalités de richesses entre communes". 

Les "Constructifs" également opposés

Le mécontentement atteint aussi les élus de droite et du centre les moins hostiles à Emmanuel Macron. Hervé Morin, président UDI du conseil régional de Normandie, s'est lui aussi dressé contre l'exonération de la taxe d'habitation, ce lundi sur BFMTV: "Je suis contre cette idée pour une raison simple. Il faut qu’il y ait un lien entre l’impôt et la dépense. A la fin, le seul argument que vous avez, c’est d’abord l’équilibre de votre budget et de dire ‘vous me demandez 5.000 euros, 10.000 euros, vous savez ce que ça représente en termes de prélèvements obligatoires?’ S'il n’y a plus de lien entre la dépense et l’impôt, vous avez des compatriotes qui seront encore plus demandeurs de dépenses publiques et Dieu sait que les Français sont shootés à la dépense publique. C’est le premier défaut."

Hervé Morin en voit un autre: "Le second, c’est qu’on aura un système extrêmement inégalitaire. Pourquoi 20% des Français continueraient à payer la taxe d’habitation dont on sait qu’elle est elle-même injuste?"

Jean-Pierre Grand, sénateur héraultais Les Républicains, était présent également à la conférence des territoires. S'il figure parmi les parlementaires s'affirmant "Constructifs" au Sénat (sans pour autant faire bande à part), l'idée ne trouve pas non plus grâce à ses yeux, comme il l'a expliqué à BFMTV.com: "Sur le fond, on peut dire que l'Etat supprime de plus en plus de ressources fiscales des collectivités et les remplace par des dotations. Or, les citoyens nous élisent sur un programme et sur la fiscalité proposée pour l'appliquer."

A ses yeux, le problème est aussi constitutionnel: "La liberté des collectivités est en jeu. Contrairement à ce que veut la Constitution, on ne pourrait plus s'administrer librement!" Pour l'élu, les dépositaires de ces envies d'exonérations "ne savent pas ce que ça coûte". Jean-Pierre Grand évoque une piste pour sortir de l'impasse: "Si l'Etat décide un dégrèvement prenant en compte la réalité des habitants dans les communes, ça pourrait nous aller". 

Robin Verner