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Mort de Michel Rocard: "un socialisme conciliant utopie et modernité"

Michel Rocard le 22 décembre 2010

Michel Rocard le 22 décembre 2010 - Joël Saget - AFP

Michel Rocard est mort samedi à l'âge de 85 ans. La classe politique est unanime et salue la mémoire d'un homme qui s'est souvent illustré par sa liberté de parole. "Une grande figure de la République et de la gauche vient de disparaître", a témoigné le chef de l'Etat François Hollande.

Michel Rocard est mort samedi à l'âge de 85 ans. Les réactions, unanimes de la classe politique, ont immédiatement salué la mémoire de l'ancien Premier ministre de François Mitterrand. Le président François Hollande lui a rendu hommage, saluant "une grande figure de la République" qui incarnait un socialisme conciliant "utopie et modernité".

"Une grande figure de la République et de la gauche vient de disparaître. Michel Rocard ne dissociait jamais son action de ses idées (...) C'était un rêveur réaliste, un réformiste radical, animé par le mouvement des idées, le sort de la planète et de la destinée humaine", a déclaré le chef de l'Etat dans un communiqué publié par l'Elysée.

Manuel Valls a quant à lui salué "un militant, un visionnaire et un homme d'Etat", qui a "incarné la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité". "Il a marqué profondément la vie politique et la gauche, je me sens un peu orphelin", a témoigné le Premier ministre sur BFMTV. "C'est un vide, il y avait beaucoup de tendresse réciproque, a-t-il ajouté. Il a peu gouverné mais il a marqué profondément la gauche."

"C'est avec une immense tristesse que j'apprends aujourd'hui la disparition de Michel Rocard. Je me suis engagé en politique par et pour Michel Rocard. Parce qu'il avait dit en 1978 qu'il n'y avait pas de fatalité à l'échec de la gauche. Parce qu'il disait avant les autres que le changement passe par la réforme et non par la rupture", a souligné le Premier ministre dans un communiqué.

Tristesse partagée par tous les membres du gouvernement, dont Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères, qui a loué "un homme de conviction", "sincère et engagé".

Michel Rocard a participé à la fondation du PSU (Parti socialiste unifié) et a rejoint en 1974 le Parti socialiste. Il était une figure forte pour la gauche et a marqué l'histoire de ce parti. Jean-Christophe Cambadélis, son premier secrétaire, a exprimé sur BFMTV sa tristesse. "Tous les socialistes se réclament de son héritage, c'était un homme d'innovation. L'imagination a été son fort."

Même réaction de tristesse pour Anne Hidalgo, la maire PS de Paris, qui a également salué sur Twitter "une grande figure politique".

Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, a estimé dimanche dans une tribune publiée au Journal du Dimanche, que Michel Rocard avait joué un "rôle essentiel" dans le combat des idées pour renouveler le socialisme français. Il a également regretté que Michel Rocard n'ait pas été président de la République. 

Plus largement, Michel Rocard était admiré bien au-delà des frontières du Parti socialiste. Cécile Duflot, députée écologiste de Paris, a tenu à le remercier pour son engagement en Nouvelle-Calédonie. Il avait été à l'initiative de la signature des accords des Matignon qui avaient permis de mettre fin aux tensions. 

La droite a également rendu hommage Michel Rocard, qui a pourtant été le Premier ministre de François Mitterrand de juin 1988 à mai 1991. Et ses représentants sont unanimes. Nicolas Sarkozy, le président du parti Les Républicains et candidat à la primaire de la droite, a salué sur Twitter un "homme de gauche et de convictions" qui "s'est toujours engagé dans le débat d'idées à l'intérieur de sa famille politique".

François Fillon, ancien Premier ministre et rival de Nicolas Sarkozy dans la future primaire de la droite, a également évoqué sur Facebook le personnage historique "qui voulut moderniser la gauche". 

"Nous n'étions pas du même parti mais j'ai apprécié à de nombreuses reprises son intelligence, son ouverture d'esprit, sa capacité à s'engager pour les idées auxquelles il croyait, sans sectarisme. C'était un homme intègre, qui croyait à la vertu de la vérité."

Même réaction pour Jean-François Copé, député-maire de Meaux, également candidat à la primaire, qui a rendu hommage à un "esprit libre", un "honnête homme".

Nathalie Kosciusko-Morizet, députée LR de l'Essonne également candidate à la primaire de la droite, a salué sa "parole libre" qui n'a "jamais abdiqué face aux carcans idéologiques et partisans".

Christian Estrosi, premier adjoint au maire de Nice LR, a lui aussi évoqué un "infatigable réformateur qui n'a jamais succombé à l'idéologie".

Côté FN, Florian Philippot a également réagi, saluant "l'élégance et les convictions sincères" de Michel Rocard malgré "de nombreux désaccords".

C.H.A.