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Politique

Michèle Tabarot, numéro 2 de l’UMP, au cœur d’un scandale financier

Michèle Tabarot y voit une campagne de dénigrement, mais les victimes de l'entreprise immobilière de son frère assurent avoir été volés.

Michèle Tabarot y voit une campagne de dénigrement, mais les victimes de l'entreprise immobilière de son frère assurent avoir été volés. - -

Le site Mediapart révèle que 72 millions d’euros auraient été détournés par l’entreprise immobilière de Roch Tabarot en Espagne pour financer les campagnes de Michèle Tabarot, députée maire du Cannet, et de son autre frère. Sur RMC, des victimes accusent, mais Michèle Tabarot parle d’une « campagne de dénigrement fallacieuse ».

Après le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac, l’argent venu d’Espagne de Michèle Tabarot ? La numéro 2 de l'UMP au cœur d'une affaire d'argent sale, révèle le site Internet Mediapart, déjà à l’origine des informations sur l’ex ministre du Budget. Selon le site, Michèle Tabarot, députée maire du Cannet dans les Alpes-Maritimes, aurait profité d'une vaste escroquerie menée en 2008 par son frère Roch Tabarot en Espagne pour financer certaines de ses campagnes électorales. Mediapart cite des témoignages de victimes de l'escroquerie et un rapport de police.

« Une couverture politique »

A Alicante, le groupe immobilier de Roch Tabarot, Riviera, aurait lancé la construction de résidences étudiantes, encaissé le fruit de la vente… avant de se déclarer en faillite grâce à des montages financiers. Miguel Cancela était à l'époque agent immobilier à Alicante. Il fait partie des victimes et raconte sur RMC comment il s’est fait avoir : « Ils m’ont reçu dans de superbes bureaux, des gens très bien, très cleans. Ils ne m’ont pas payé les commissions prévues, et ensuite ils ont coupé les paiements des locations. Moi, j’ai perdu 180 000 euros, mon entreprise a coulé bien sûr ». Comme d’autres victimes, Miguel Cancela s’est alors tourné vers la justice, mais sans succès. « Ils ont bénéficié d’une couverture politique. Aucun juge ne voulait donner l’ordre de détention, malgré toutes les preuves qu’on a apporté à la police judiciaire de Madrid, on ne sait pas où est passé l’argent ».

« 2000 personnes arnaquées »

Et ce ne serait pas le seul scandale. A Murcie, Riviera aurait notamment vendu des appartements imaginaires, sur des terrains qui ne lui appartenaient pas et encaissé l'argent. « Ils ont loué un terrain, ils ont mis une petite cabane avec une commerciale au milieu, et vas-y que je te fais des plans, "voilà comment ça va être, voilà les plans" », raconte l’ancien agent immobilier. « C’est tout joli, mais ils n’ont jamais été propriétaires des terrains, il n’était jamais question de construire. Ils ont vendu près de 2000 appartements sans rien avoir construit. Ils ne sont pas allés chez le notaire, mais ont encaissé 50% de la valeur des appartements. 2000 personnes environ ont été arnaquées par le groupe Riviera ».

Une partie de l’argent en France, l’autre au Maroc ?

Une partie de l'argent s'est envolé au Maroc, où une enquête est ouverte et une autre partie (d'après Mediapart et les avocats des victimes) vers la France. Les avocats demandent donc à la justice française d'enquêter car au total, 72 millions d’euros auraient été détournés, en partie pour financer les campagnes électorales de Michèle Tabaro et de son autre frère, Philippe. D'après Mediapart, la police parle d'un retrait de 13 millions en liquide, et l'une des victimes aurait vu une partie de cet argent transporté en voiture, dans les Alpes maritimes, juste avant les municipales de 2008.

« Une campagne de dénigrement indigne et délirante »

Michèle Tabarot, jointe par RMC, se dit « scandalisée que sa famille fasse à nouveau l’objet d’une campagne de dénigrement fallacieuse, indigne et délirante ». « J’exerce des responsabilités politiques depuis des années et Toutes mes actions ont été réalisées avec une probité reconnue et souvent citée en exemple ». L’élue rappelle que les « prétendues révélations de Médiapart contre son frère ont déjà fait l’objet, pour l’heure, de deux non-lieux prononcés par la justice espagnole qui les a considérées infondées ».

Pourtant, « l’avocat de l’association des victimes nous dit qu’il y a des preuves qu’une partie de l’argent a été détourné par un membre de la famille pour leur campagne électorale, et notamment le témoignage d’une victime qui a vu plus de 3 millions d’euros emmenés en voiture dans les Alpes-Maritimes à l’occasion des municipales 2008 où était candidat l’autre frère de Michèle Tabarot », dévoile Marine Turchi, journaliste à Médiapart.

Mathias Chaillot avec Matthieu Moulin