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Cannabis: retour sur une polémique en trois actes

Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon

Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon - -

Après les propos de Vincent Peillon dimanche, l'UMP est montée au créneau pour dénoncer "l'irresponsabilité" du ministre et demander des explications au gouvernement. De son côté, Matignon a tranché.

En rouvrant dimanche le débat sur la dépénalisation du cannabis, le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a touché un point sensible. Jugé "irresponsable" par la droite, "courageux" par les Verts, le ministre a surtout contraint Matignon à prendre position sur le sujet.

Le couperet est donc tombé vers 10h30 lundi matin : "Le Premier ministre et M. Peillon se sont parlé au téléphone ce matin (lundi), il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis", a assuré Matignon à la presse. Retour sur une crise en trois actes.

Acte 1 : Vincent Peillon rouvre le débat

Invité de France Inter dimanche dans l'émission "Tous politique", le ministre de l'Education nationale ouvre la porte à un débat sur la dépénalisation du cannabis. Sans se prononcer clairement en sa faveur, il estime toutefois qu'il s'agit là d'un "sujet majeur".

"Je suis étonné, parfois, du côté un peu retardataire de la France, sur un sujet qui pour moi est d'ampleur. Il y a une économie parallèle dans ce pays, c'est l'économie de la drogue", a poursuivi Vincent Peillon.

Et d'ajouter : "On peut lutter par les moyens de la répression, je suis absolument pour. Mais en même temps je vois que les résultats ne sont pas très efficaces. Donc cette question est posée et je souhaite qu'on puisse avancer sereinement. J'ai vu que l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant avait posé ce débat, je lui avais donné raison à l'époque, je le fais encore aujourd'hui". (écouter le son ci-dessous)

Acte 2 : l'UMP monte au créneau... les Verts applaudissent

Jean-François Copé est l'un des premiers à dégainer. Lundi matin, il demande "solennellement à François Hollande de trancher dans la journée" sur la question de la dépénalisation du cannabis. A ce sujet, l'UMP avance un tir groupé sur "l'irresponsabilité" de Vincent Peillon. Un terme repris de concert lundi matin par Rachida Dati sur BFMTV, François Baroin sur RTL, et François Fillon dans un communiqué.

A l'opposé, Denis Baupin, député EELV, juge "courageux" la petite phrase de Vincent Peillon et avance que la dépénalisation, "c'est ce qui marche dans d'autres pays européens".

Sur France Inter, un autre élu écologiste, Yves Contassot, conseiller de Paris, a estimé que Viencent Peillon avait "raison" de vouloir rouvrir le débat. "C'est un vrai sujet, la seule manière de lutter contre le trafic, c'est de dépénaliser". "La répression ne fonctionne pas, regardez ce qui se passe à Marseille".

Acte 3 : le gouvernement sort du silence

Silencieux jusqu'à présent, le gouvernement lève le voile sur sa position officielle. "Le Premier ministre et M. Peillon se sont parlé au téléphone ce matin (lundi), il n'y aura pas de dépénalisation du cannabis", a assuré Matignon à la presse lundi matin.

Dans la foulée, Vincent Peillon publie un communiqué expliquant que sa petite phrase de la veille n'était qu'une "réflexion personnelle" et "ne contrevient pas à sa solidarité totale et entière" avec le gouvernement. "Il n'y a donc pas lieu à polémique", affirme le communiqué. Trop tard.

S. C. avec AFP