Calais: ce qu'en disent les candidats à la primaire de la droite

Nicolas Sarkozy attendu à Calais. Le candidat à la primaire de la droite doit se rendre ce mercredi dans cette ville du Pas-de-Calais, sous tension en raison de l'afflux de migrants auquel elle est toujours confrontée.
Au programme? A partir de 9h30, l'ancien chef de l'Etat se rendra au port de Calais pour rencontrer des transporteurs routiers, des marins et des ouvriers du port, selon son entourage. Suivra une table ronde, organisée en mairie par la maire (LR) de la ville, Natacha Bouchart, sur "les difficultés des Calaisiens", avant de partir en TER pour Lille.
Mais selon son entourage, il n'a pas prévu de se rendre dans la "jungle" de Calais, qui compte entre 6.900 et plus de 9.000 réfugiés, respectivement selon les autorités et les associations. Contrairement à plusieurs candidats de la primaire à droite qui s'y sont déjà rendus ces derniers mois, dont Alain Juppé et Bruno Le Maire.
> Sarkozy pour un hotspot de demandeurs d'asile en Grande-Bretagne
Nicolas Sarkozy, qui en 2002 en tant que ministre de l'Intérieur avait fait démanteler le centre de Sangatte où s'entassaient alors les réfugiés, puis avait mené une évacuation d'une première "jungle" en tant que président de la République en 2009, s'est récemment prononcé contre le projet du gouvernement de démanteler la "jungle" de Calais avant la fin de l'année et de répartir les migrants dans des centres en France.
"Nous n'avons pas à disséminer la jungle de Calais partout en France", a-t-il déclaré lors de son passage dans l'Emission politique, sur France 2. "Il ne faut pas qu'à la place du problème de Calais, on se retrouve avec 100 problèmes en France !"
"C'est à l'Angleterre d'ouvrir ce qu'on appelle les hotspots - les camps de réfugiés - nous devons leur envoyer ces migrants qui veulent passer en Angleterre. Nous devons donc les amener en Angleterre pour que l'Angleterre dise voilà ceux qu'on veut garder, voilà ceux qu'on ne veut pas garder." En d'autres termes, même s'il refuse de le dire, Nicolas Sarkozy aimerait revenir sur les accords du Touquet, qu'il avait lui-même négociés en tant que ministre de l'Intérieur en 2003, et qui placent la frontière franco-britannique à Calais.
> Juppé "pas hostile" à une répartition sur le territoire
Le maire Les Républicains de Bordeaux Alain Juppé, lui aussi candidat à la primaire de la droite, a expliqué mardi sur France info ne pas être hostile au plan du gouvernement de répartition des migrants sur le territoire. "D'abord, et le gouvernement ne bouge pas sur ce sujet, il faut remettre en cause les accords du Touquet", a-t-il dit. "Deuxièmement, il faut bien distinguer ceux qui sont en situation illégale et qu'il faut raccompagner chez eux". Or il n'y a "jamais eu aussi peu de reconduites à la frontière". "Troisièmement, ceux qui sont demandeurs d'asile nous avons des lois, il faut les respecter (...) Je fais une autre proposition: que les délais d'instruction soient fortement raccourcis".
"Enfin, il y a le traitement de ceux qui sont là et qui sont en situation légale. Je ne suis pas hostile à ce qu'on les répartisse sur le territoire national: d'abord que ça se fasse en accord avec les maires qui doivent être consultés". Et "il faut que ce soit de petites unités qui soient sous le contrôle des autorités de l'État, pour éviter l'effet d'appel d'air".
> Fillon veut des "centres dédiés"
L'ancien Premier ministre François Fillon, également candidat à la primaire de la droite, a lui jugé que "le gouvernement s'y prend mal" à Calais. "Dans le court terme, le gouvernement a raison de vouloir démanteler Calais, mais ne peut pas le faire en imposant aux maires sans aucune discussion, (...) ça ne marchera pas (...) Le gouvernement s'y prend mal", a-t-il dit dimanche au Grand Rendez-vous d'Europe 1/iTélé/Les Echos. "On en est là parce qu'on a le plus faible taux de reconduites à la frontière des déboutés du droit d'asile (...) qui embolisent le système d'accueil".
Pour "régler le problème dans le moyen terme", il propose que "les demandeurs d'asile soient placés dans des centres dédiés", par exemple "d'anciens bâtiments militaires", et "non pas répartis sur le territoire comme aujourd'hui, de façon à ce qu'on puisse garder un contrôle sur ces populations" et pour ceux qui seront déboutés "les reconduire".
> Le Maire promet de démanteler la "jungle"
Candidat à la primaire de la droite, le député de l'Eure Bruno Le Maire, qui s'était rendu à Calais en mars, prend l'engagement dans son projet présidentiel de démanteler la "jungle" de Calais et les autres "zones de non-droit".
> Copé veut "faire détruire la jungle par l'armée"
Dans un post de blog mis en ligne début septembre, l'ancien ministre Jean-François Copé, candidat à la primaire de la droite, plaide pour "en finir avec (le) scandale" de Calais et promet de régler la situation "en trois mois maximum" s'il est élu président de la République. Comment? En transférant les migrants "dans un centre fermé (une caserne de l'armée réaffectée) pour un examen de toutes les situations individuelles" et en faisant "immédiatement détruire la jungle de Calais par l'armée".
Quant à ceux des autres candidats à la primaire qui ne se seraient pas encore exprimés sur le sujet, ils ont été pressés de le faire lundi par le président Les Républicains de la région Haut-de-France Xavier Bertand. Lors de sa conférence de presse de rentrée au siège de la région à Lille, celui-ci a déclaré "attendre des candidats à la primaire" LR qu'ils disent "concrètement comment, eux, envisagent le démantèlement et l'après-démantèlement, parce que", a-t-il estimé, pour l'instant, "c'est un silence assourdissant".