Le nucléaire mérite mieux qu’un débat : un référendum

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Sur une question aussi difficile, qui touche aux intérêts stratégiques du pays et à la vie quotidienne de chacun, le référendum est le seul moyen de trancher avec la force et la solennité nécessaires. Après Fukushima, on a dit : "Plus jamais ça".
Trois ans après, c’est plutôt : toujours rien. En France, on a oublié la peur, l’émotion et le débat se réduit à une opposition entre la vision idéologique des écologistes et les intérêts économiques des industriels. Or c’est à l’ensemble des citoyens de décider s’il faut sortir du nucléaire ou pas. C’est une question à laquelle on peut répondre par oui ou par non.
Mais on dit que la société française est déjà très divisée sur de nombreux sujets : est-ce qu'un référendum ne provoquerait pas ds crispations supplémentaires?
La contradiction existe, le référendum permettrait de la surmonter. On peut même parier que c’est un sujet qui passionnerait les Français : il met en jeu à la fois l’avenir de notre industrie, la santé de notre économie (des dizaines de milliers d’emplois sont concernés) et surtout notre sécurité.
Les deux positions sont défendables : le nucléaire est un atout industriel énorme, mais il fait aussi peser des risques énormes – à court terme en cas d’accident, à long terme avec les déchets. C’est aux Français d’arbitrer entre ces deux critères. On ne peut pas traiter une question d’avenir comme une querelle d’experts.
Hollande a promis la réduction de la part du nucléaire. N'est-ce pas suffisant?
Si c’était le cas, le débat serait clos mais c’est tout le contraire. François Hollande a fait des promesses pour avoir les voix des Verts mais tout le monde sait qu’il n’a aucune envie de fermer la centrale de Fessenheim et la loi de transition énergétique, qui doit celer l’abandon progressif du nucléaire, n’est toujours pas rédigée.
En même temps, Arnaud Montebourg fait l’éloge de la filière et Jean-Marc Ayrault défend le nucléaire français en Chine – le seul sujet sur lequel ils ont des atomes crochus… De leur côté, les Verts menacent tous les 3 mois de quitter la majorité si Hollande renie son engagement. Résultat : en fait de politique énergétique, nous avons une politique du fait accompli.
Vous ne pensez pas qu'on connait d'avance la réponse à un tel vote?
Ce n’est pas sûr – et ce n’est de toute façon pas un argument pour refuser le référendum : ça signifierait qu’on préfère mener consciemment une politique à laquelle la majorité des Français serait hostile… Il est vrai que partout où on a voté sur ce sujet (Italie, Suède, Autriche), le non au nucléaire l’a emporté.
Mais la France est le seul pays où les réacteurs atomiques sont une fierté nationale (ce qui ne fait pas de nous des réactionnaires…) Aujourd’hui, le statuquo est impossible : soit on démantèle, soit on modernise.
Dans les deux cas, il faut investir des milliards. Pour choisir une direction, l’idéal démocratique serait de s’abstraire des accords industriels comme des accords électoraux, et solliciter simplement l’accord des Français.
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