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Le baromètre des éditorialistes: Borloo "conteste le système Macron"

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Nos éditorialistes analysent les piques à peine voilées lancées ce mercredi par Jean-Louis Borloo au président de la République.

"Il faut faire attention à ce que notre pays ne se retrouve pas dans la situation désagréable où le gratin se sépare des nouilles": tout en assurant ne pas parler de la situation de l'exécutif actuel, l'ancien ministre a averti de la séparation entre "les élites européennes et les peuples européens". Un discours acerbe, quelques semaines après la remise de son plan banlieue, avec lequel Emmanuel Macron a pris ses distances

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> "Est-ce que Borloo peut proposer une alternative?"

"C'est une contestation de fond du système Macron. La métaphore du gratin et des nouilles n'est peut-être pas très heureuse dans la mesure où si on voit ce que c'est le gratin d'une société, comparer les petites gens à des nouilles, ce n'est pas très flatteur.

Prenons une autre métaphore, celle de Macron et des premiers de cordée. Il veut aider les premiers de cordée à être légers, délestés de toutes les formalités et à pouvoir escalader plus vite. Mais Macron le précise bien: ce n'est pas simplement pour que le premier de cordée arrive tout seul au sommet et triomphe, c'est pour qu'il tire toute la cordée derrière lui et que toute la société française en profite. (...)

Est-ce que les premiers de cordée servis par Macron seront dans la gratitude, répondront à l'appel de Macron, rempliront leur mission, est-ce qu'ils le trahiront? C'est là l'inquiétude de Borloo. (...)

La question est: est-ce que Borloo peut proposer une politique alternative? Sans doute oui, il a une véritable expérience du corps social, des difficultés sociales, comme maire de Valenciennes et comme ministre de la Ville. Il a quand même créé l'Agence nationale de rénovation urbaine. Il sait de quoi il parle.

En revanche, y a-t-il un espace politique pour cette pensée-là, cette proposition-là, reconstituer un centre-droit généreux, ce qu'on appelait jadis le gaullisme social? Ça c'est moins sûr. D'évidence, Pécresse, Borloo, Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, veulent occuper ce créneau du centre-droit social, en espérant avoir un espace entre Macron et Wauquiez."

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> "Une rupture entre 'les deux mâles blancs'"

"(Borloo) est l'ancien patron de l'UDI, et en réalité ce à quoi on est en train d'assister, c'est la rupture entre 'les deux mâles blancs', parce qu'on ne peut pas ne pas faire le lien avec le fait que ce rapport rédigé sur la banlieue par Jean-Louis Borloo a été enterré par Emmanuel Macron.

Je suis obligé de faire le lien avec autre chose: il y a quelques jours, Valérie Pécresse, présidente (LR) de la région Île-de-France, a présenté son propre plan banlieue. Et de qui s'est-elle rapprochée? De Jean-Louis Borloo, qui a été auditionné le 6 juin dernier et qui a vu à plusieurs reprises ces derniers jours Valérie Pécresse.

Jean-Louis Borloo a senti que c'était le moment de dire ce qu'il avait sur le coeur après l'enterrement de son rapport par le président de la République. Est-ce qu'il est en train de jouer à un autre jeu politique? Ou alors, et je crois que c'est beaucoup plus crédible, Jean-Louis Borloo s'est rendu compte que la rénovation des banlieues, tout ce qu'on pouvait faire pour les banlieues ne passerait pas par le national, mais passerait sans doute par les élus locaux et c'est peut-être à ça auquel on est en train d'assister aujourd'hui."