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Politique

La réforme fiscale oubliée de F. Hollande, une faute inoubliable

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC.

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Alors que le PS tient ses journées parlementaires à Bordeaux, des réticences s’expriment dans la majorité sur le projet de budget et la politique économique du gouvernement.

Rappelez-vous : avant que Pierre Moscovici ne dénonce le « ras-le bol fiscal » (un comble pour un ministre des finances), François Hollande avait promis durant sa campagne une « révolution fiscale ». Il s’agissait, pour l’essentiel, de fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG pour créer un grand impôt progressif prélevé à la source pour tous les Français. C’était une réforme décisive pour redonner cohérence et lisibilité à notre système fiscal (qui en manque énormément). C’était l’idée d’un impôt plus juste – hélas, on a compris depuis que c’était juste une idée…

D'après vous, c'était une promesse électorale sans lendemain ou c

Il était convaincant quand il en parlait en début de campagne, de moins en moins convaincu ensuite et convaincu du contraire depuis qu’il est élu. On pouvait admettre que le budget 2013 se consacre aux urgences. Comme il n’y en a pas trace non plus dans le budget 2014, il est clair que la réforme est enterrée – et c’est un sujet qui fâche au PS parce qu’il figurait aussi dans le projet socialiste. En fait, François Hollande n’a pas voulu assumer une politique de mobilisation fiscale qui aurait rendu imposables presque tous les Français mais qui aurait à la fois enrichi l’Etat et rétabli les principes. C’est une lâcheté coupable.

Mais on a appris il y a quelques jours qu'environ 1,5 million de nouveaux contribuables étaient assujettis à l

Ce serait une vision cynique – François Hollande n’en est pas incapable… Pour une réforme assumée, il aurait expliqué l’utilité du nouvel impôt. La moitié des Français ne paient pas l’impôt sur le revenu et 20% des foyers les plus aisés (qui perçoivent 50% des revenus) acquittent près de 90% de l’IR. L’idée de François Hollande (en fait, celle de beaucoup d’experts) était qu’en élargissant l’assiette, on baisserait les taux ce qui créerait un impôt plus tolérable et plus rentable. Il y a renoncé par électoralisme, pour ne pas avoir à assumer que même les faibles revenus deviendraient imposables. Alors que c’était la solution qui… s’imposait.

Le paradoxe, c

Le drame de la politique de François Hollande, c’est qu’on peut lui faire tous les reproches à la fois. C’est vrai qu’il a donné des gages au patronat et que la hausse de la TVA pénalise les ménages. Le fait est qu’en oubliant sa réforme, François Hollande a fait le choix du brouillard fiscal et de la confusion politique – au point qu’on n’y comprend plus rien et qu’il est même contredit par son Premier ministre ! A l’arrivée, tout ce qu’il lui reste à promettre c’est une « pause fiscale » : l’arrêt des hausses d’impôt… provisoire. Nicolas Sarkozy s’est piégé tout seul avec le bouclier fiscal. François Hollande s’est attaché au pied un boulet fiscal.

Hervé Gattegno