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Politique

La loi Boutin déjà contestée

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Le projet de loi sur le logement présenté par Christine Boutin, et notamment la maison à 15 euros par jour, provoque la colère des associations.

C'est ce matin, en Conseil des Ministres, que Christine Boutin a présenté son projet de loi sur le logement.

Quelles priorités ?

Ce projet de loi a un objectif principal : répondre à la crise actuelle du logement. Avec plusieurs priorités :
- construire plus de logements : La France est toujours en retard dans ce domaine.
- favoriser l'accession des plus modestes à la propriété, avec par exemple cette maison à 15 euros par jour, que le ministère du Logement espère vendre à hauteur de 10 000 unités.
- permettre à plus de personnes d'accéder au parc HLM. Notamment en excluant des logements sociaux les ménages qui ont des revenus trop importants, ce qui ne concernerait que 9 000 logements.
- lutter contre l'habitat insalubre et indigne. Une centaine de quartiers anciens de centre ville seront rénovés et Christine Boutin a annoncé qu'elle ferait la traque aux marchands de sommeil.

Reste un problème, de taille, le financement de ce projet de loi, qui est très flou pour l'instant.

Une loi déjà très contestée

A peine présenté, ce projet de loi est contesté par la quasi-totalité des associations qui se battent pour le logement. Cette opposition est due au fait que ce projet de loi prévoit une adaptation de la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain), qui impose aux communes de plus de 3 500 habitants d'avoir 20 % de logements sociaux. Avec le projet de loi Boutin, les maires ne seront plus obligés d'avoir strictement 20 % de HLM. Ils pourront inclure dans le calcul l'accession sociale à la propriété, comme par exemple la maison à 15 euros par jour proposée par Christine Boutin. Chaque maison ou appartement acheté dans ce dispositif comptera autant que la construction d'un logement HLM.

Pour les maires qui refusent d'appliquer la loi SRU, cette mesure serait une bénédiction. Ils n'auraient plus besoin de construire des HLM, mais simplement de faciliter l'accession à la propriété sur leur commune. Ce qui risquerait d'exclure les ménages les plus pauvres.

Ainsi, Didier Cusserne, le délégué général d'Emmaüs France, dénonce une brèche supplémentaire : « La loi n'est déjà pas vraiment respectée, les maires qui ne veulent pas construire de logements sociaux continuent à ne pas en construire et la loi Boutin permet d'introduire une brèche. C'était le dernier combat politique de l'Abbé Pierre de ne pas remettre en cause cette loi SRU, et bien maintenant qu'il a disparu on essaye de la remettre en cause. On espère bien que ça n'est pas joué, on pense faire tout notre travail de mobilisation pour changer les choses ».

La rédaction et Yannick Olland