BFMTV
Politique

Il y a peut-être une affaire Sarkozy, il y a à coup sûr une affaire Taubira

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

C. Taubira a tenté de balayer les suspicions hier en affirmant qu’elle était informée des écoutes sur N. Sarkozy mais pas de leur contenu. Elle apparaît tout de même fragilisée. Il y a peut-être une affaire Sarkozy, il y a à coup sûr une affaire Taubira.

Il y a bien deux affaires, de natures différentes. Une affaire judiciaire autour de N. Sarkozy : le rapport du parquet publié dans Le Monde le montre très préoccupé par les enquêtes – on le sait ciblé par les juges mais tout de même, ça donne l’impression au moins d’un manque de sérénité. Et puis il y a une affaire politique avec C. Taubira. Elle a menti en disant qu’elle n’avait pas été informée. Et elle s’est enfoncée hier avec son distinguo entre les écoutes et leur contenu qui est démenti par la note du parquet. Elle a invoqué un « malentendu ». Sur une affaire d’écoutes, c’est un comble de ne pas arriver à se faire entendre. Avec tout cela, elle est devenue inaudible.

Elle a affirmé avec force qu'elle ne comptait pas démissionner, comme l

Elle a pris la parole à l’Elysée tout de suite après le conseil des ministres. On peut supposer que cette fois, elle s’est assurée qu’elle n’allait pas être démentie. Donc pour l’instant, elle reste. Mais dans quel état : elle s’est mise à dos les avocats, elle a déçu les magistrats, déstabilisé la majorité, fragilisé le gouvernement, abîmé l’image de la justice et même offert à l’UMP une contre-attaque inespérée. Au total, elle a gaspillé le crédit qu’elle avait gagné dans le débat sur le mariage gay et grâce à son tempérament. Au gouvernement, elle apparaissait comme une femme de tête. Elle est devenue la tête de turc du gouvernement.

Comment est-ce que F. Hollande peut sortir de cette crise ? Est-ce qu'il doit prendre la parole ?

Dans une telle confusion, c’est ce qu’il pourrait faire de pire ! Cela dit, il faut une double clarification.
1. Sur les faits : les écoutes suscitent des soupçons contre N. Sarkozy mais on ne sait toujours pas ce qui a suscité les écoutes – et c’est ce motif qui permet de savoir si elles étaient légitimes, donc d’écarter (ou pas) l’hypothèse d’une surveillance politique.
2. Sur le droit : des principes sont en jeu – droits de la défense, indépendance des juges, séparation des pouvoirs. Il faut dissiper les confusions et sortir de l’hypocrisie : en l’état de notre droit, le parquet n’est pas indépendant ; le gouvernement doit assumer la tutelle qu’il exerce sur les procureurs ou alors y renoncer (mais il n’y a jamais eu de majorité au Parlement pour voter une réforme sur ce point).

Et pour une clarification politique, il faudra attendre le prochain remaniement, après les municipales ?

En fait de clarification, le paysage s’assombrit pour l’UMP et le PS, qui vont subir aux municipales les conséquences de ce bazar politique en forme de standard téléphonique. Pour ce qui est du remaniement, F. Hollande va avoir un problème : le départ de C. Taubira était programmé. S’il se confirme, il va passer pour une sanction. Mais on se rappellera que JM Ayrault aussi a menti dans un premier temps, en jurant qu’il n’avait été informé de rien. Donc si lui reste à Matignon, ça pourra passer pour une injustice. Maintenant, si C. Taubira est maintenue, ce sera un boulet. C’est déjà arrivé ; on sait la fin de l’histoire : quand un ministre de la Justice se retrouve au centre d’une affaire, il ne fait plus l’affaire…

Réagissez sur le compte Twitter d'RMC avec le hashtag #BourdinDirect
Tweet #Bourdindirect

Suivez Jean-Jacques Bourdin sur Twitter
Follow @JJBourdin_RMC

Hervé Gattegno