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Gouvernement

Valls en opération séduction et sécurité à La Réunion et à Mayotte

Manuel Valls est attendu à La Réunion et à Mayotte, de jeudi à samedi.

Manuel Valls est attendu à La Réunion et à Mayotte, de jeudi à samedi. - Philippe Desmazes - AFP

Le Premier ministre débute ce jeudi son premier déplacement outre-mer, avec un voyage qui l'amènera dans l'océan Indien, à la Réunion et à Mayotte. Entre les questions liées à l'emploi, au développement et à la sécurité, le chef du gouvernement aura fort à faire.

Manuel Valls, qui effectue de ce jeudi à samedi soir son premier déplacement outre-mer comme Premier ministre, fera face à des attentes fortes sur l'économie, l'emploi, l'éducation et la sécurité, aussi bien à la Réunion qu'à Mayotte.

Manuel Valls se rend dans les deux départements de l'océan Indien, accompagné de Najat Vallaud-Belkacem (Education), George Pau-Langevin (Outre-mer) et Patrick Kanner (Ville et Jeunesse), plusieurs mois après François Hollande, qui y avait recueilli près de 70% des suffrages en 2012.

Des "annonces" prévues

Le chef du gouvernement fera la promotion des politiques publiques (crédits d'impôt, défiscalisation, emplois aidés) souvent améliorées pour les outre-mer érigés en "priorité" de l'exécutif, pour accompagner des territoires en proie à un chômage endémique atteignant 20% ou 30%, et parfois le double chez les jeunes. Des "annonces" sont prévues, surtout sur le plan économique, mais aussi sur la sécurité à Mayotte.

A la Réunion, les visites jeudi et vendredi porteront sur l'emploi local et la formation des jeunes. Un contrat de ville sera signé à Saint-Denis (PS), ville la plus peuplée des outre-mer avec 145.000 habitants. Le tourisme, priorité économique locale mais touchée par la "crise du requin", sera aussi au menu à l'occasion de l'extension de l'aéroport Roland-Garros.

Les attentes sont grandes chez les acteurs locaux sur cette île de 840.000 habitants dont presque la moitié vit sous le seuil de pauvreté. Ibrahim Patel, président de la chambre de commerce et d'industrie, qui a été "ponctionnée de 3,2 millions d'euros" par l'Etat, attend "du concret" qui fasse des "chefs d'entreprises un partenaire et non pas un ennemi" et demande des "baisses de charges sociales".

Une tension palpable

Tout comme Bernard Picardo, président de la chambre des métiers, qui souhaite en outre des "simplifications réglementaires". Pour le président de la CGPME, Dominique Vienne, une réponse "géographique" à la question de la formation professionnelle est attendue pour une île située à 9.300 km de la métropole. Quant aux agriculteurs de la filière canne à sucre, ils demandent une augmentation du prix d'achat par les usiniers, avant le début de la campagne en juillet. 

Côté syndical, "on attend de Manuel Valls qu'il nous dise ce qu'il entend par égalité réelle", ce rattrapage économique et social qui fait l'objet d'une mission du député PS et ex-ministre Victorin Lurel. "Dans les services publics, il faudrait un rattrapage des effectifs", a souligné Max Banon, secrétaire général de la CGTR Sud, qui estime que le "système est à bout de souffle" et qu'il faut "redessiner un projet réunionnais".

La tension est palpable, de l'intersyndicale de l'Education qui dénonce "le manque de postes, de moyens et le climat d'insécurité dans les établissements" à celle de la caisse de Sécu qui appelle à une grève vendredi pour réclamer "la régionalisation des emplois" quand les compétences locales existent.

Une filière jihadiste démantelée au début du mois

Pour ajouter un peu plus de piquant à cette visite qui s'annonce déjà tendue, le hasard du calendrier a fait que le Premier ministre arrive à La Réunion seulement quelques jours après le démantèlement d'une filière jihadiste sur l'île, ce qui a constitué une première dans cette partie du monde. 

Sur les jeunes jihadistes présumés arrêtés, deux ont été mis en examen tandis que 48 cas de radicalisation ont été signalés à la Réunion. Un sujet sur lequel Manuel Valls, ex-ministre de l'Intérieur, sera très probablement questionné.

Mayotte, une île livrée à la délinquance

Après deux jours au pas de charge sur l'ancienne île Bourbon, les trois ministres s'envoleront pour Mayotte, petite île (375 km2) de l'autre côté de Madagascar. Avec ses 212.000 habitants officiellement recensés et ses 80.000 clandestins estimés, ce territoire à 95% musulman et de tradition matriarcale est devenu un département en 2011 et a intégré à l'Union européenne en 2014.

Intégralement classé en réseau d'éducation prioritaire, Mayotte est une exception française avec seulement 40% de sa population scolarisée, son cortège de classes surchargées, de manques de bâtiments et de revendications sociales de enseignants, surtout quand ils sont mahorais.

Mais ce qui est sur toutes les lèvres à Mayotte, île de l'archipel des Comores qui a choisi d'être française par référendum en 1976, "c'est l'immigration clandestine, nous allons demander au Premier ministre ce qu'il compte faire pour arrêter ce fléau de plus en plus incontrôlable", selon Ahamada Ousseni, directeur de cabinet du président du conseil départemental (droite et centre).

+ 7% de délinquance en 2014

Pour Thierry Galarme, président du Medef local, l'urgence est que Manuel Valls voie que Mayotte est "une île livrée à la délinquance chaque jour plus armée, plus violente". "Il n'est plus une entreprise qui n'ait été cambriolée, ses patrons ou collaborateurs agressés", s'alarme-t-il. La délinquance a augmenté de 7% en 2014, avec une hausse de 24% des agressions de personnes. C'est dans ce contexte que Manuel Valls doit signer samedi le contrat de plan Etat-région, un des leviers du plan stratégique pour l'avenir économique, social et sociétal de Mayotte à l'horizon 2025.

Jé. M. avec AFP