EDITO - Peillon a sûrement besoin de (longues) vacances!

Hervé Gattegno, dans le studio de RMC - -
On a reproché à Vincent Peillon sa maladresse dans l’affaire des rythmes scolaires – ce n'est pas toujours juste, car il se heurte aussi à une somme de corporatismes. Mais il est vrai qu’il a laissé occulter sa "refondation" de l’école par la question de la semaine de 4,5 jours. Ce n’était déjà pas habile.
Relancer une polémique sur les vacances au moment où il est censé apaiser les esprits, c’est pire: presque de la provocation. En tout cas, c’est contre-productif pour la réforme... et pour lui-même. Peut-être que Vincent Peillon est un ministre surmené; il fait tout pour être un ministre malmené.
Il a quand même précisé que c'était une réflexion qui ne serait ouverte qu'en 2015, et que la priorité restait la réforme des rythmes scolaires...
Mais alors pourquoi en parler maintenant? C’est tout le problème de Peillon: c’est un homme très fin, un homme de conviction, un "honnête homme" au sens du XVIIè siècle – mais la question est: est-ce un homme politique? Sa sincérité est louable et en l’occurrence, il a raison sur le fond: nos enfants ont des vacances d’été trop longues, donc un nombre de jours de classe insuffisant, d’où des journées surchargées et des résultats médiocres.
Le problème, c’est qu’il promet la concertation en annonçant ce qu’il va décider... Il l’a déjà fait pour les rythmes scolaires: les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets. Et pendant ce temps-là, le vrai débat – sur les programmes, les filières, la sélection – n’a pas lieu.
En l'annonçant trop tôt, Vincent Peillon n'a-t-il pas d'ores et déjà condamné cette réforme?
Ce n’est pas seulement un problème de calendrier mais un gâchis politique. Vincent Peillon avait tout pour être le chouchou dans la classe de François Hollande – y compris une bonne estime de soi... L’Education a été déclarée prioritaire, son budget est moins amputé que les autres, il a 60.000 postes à créer – c’est plus gratifiant que des fermetures d’usines...
Et puis les enseignants ont voté en masse pour François Hollande et la plupart des grandes villes sont dirigées par le PS. Malgré tout cela, c’est la guerre de tranchées. Il faut croire que Vincent Peillon est un alchimiste si maladroit qu’il change l’or en plomb!
Ce n'est pas pour l'excuser mais est-ce que tout cela ne révèle pas, surtout, l'impossibilité de réformer l'Education nationale?
C’est vrai que les ministres de l'Education arrivent en général la tête pleine de grands projets et qu’à l’arrivée, on a au mieux des réformettes, au pire des crises et des grèves – et à l’arrivée, le plus souvent, rien du tout.
Comme d’autres, Vincent Peillon a rêvé de laisser une trace dans ce ministère. Jusqu’ici, il a seulement réussi à creuser un fossé avec les enseignants. Il va peut-être finir par tomber dedans.
>> Ecoutez le Parti Pris d'Hervé Gattegno.
>> A lire aussi: Quand le Peillon neutralise le Fillon.