Européennes: et maintenant quel calendrier pour le FN?

Jean-Marie et Marine Le Pen seront moins seuls désormais au sein du Parlement européen - -
La première étape de la stratégie du Front national pour les européennes a été un succès. La large victoire remportée par les candidats de Marine Le Pen lors des élections européennes en France dimanche, ouvre la porte du Parlement de Bruxelles à 24 eurodéputés frontistes. La seconde parie de ce plan est maintenant en marche: créer un groupe et s'entendre avec la masse hétéroclite des europhobes élus, soit plus de 140 élus.
La constitution des groupes politiques se fera au cours du mois de juin et les conditions à remplir sont claires, il est nécessaire d'associer au moins 25 députés, issus de sept pays différents, membre de l'Union européenne. Et pour ne pas perdre de temps, Marine Le Pen tiendra mercredi une conférence de presse à Bruxelles avec "ses alliés".
>> La carte du vote d'extrême droite en Europe:
La date limite? Le 26 et 27 juin prochain aura lieu l'élection du président de la Commission européenne et l'élection du président du Parlement européen se fera la semaine suivante entre le 1er et le 3 juillet. Les groupes devront alors être constitués. Ils rentreront en session le 1er juillet.
Des contacts noués, des refus et des évincés
Mais fort des sondages plaçant son parti au plus haut, Marine Le Pen n'a pas attendu pour nouer des contacts avec ses équivalents européens comme le PPV du néerlandais Geert Wilders (4 sièges), le FPÖ autrichien de feu Jorg Haider (4 sièges) et le Vlaams Belang belge (4 sièges). Tous ont réussi à faire élire des députés dimanche.
Les Démocrates suédois (2 sièges) et Ordre et Justice en Lituanie (2 sièges) ont, eux aussi, été contactés . Au Danemark, également, les populistes (4 sièges) s'en sont tirés à bon compte dimanche soir. La Ligue du nord italienne (5 sièges) est aussi pressentie.
Plus délicat, la présidente du FN a essuyé un refus de l'Ukip britannique mené par Nigel Farage qui lui a préféré le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan.
A l'inverse, le Jobbik hongrois, l'Aube dorée grecque ou la parti néo-nazi allemand ont été jugés trop radicaux par Marine Le Pen pour figurer dans cette future famille politique à Bruxelles.
Peser sur le débat
Constituer un groupe parlementaire est essentiel pour toutes ces formations car il permet de bénéficier, outre de moyens financiers approchant des trois millions d'euros, d'un poids politique certain.
"En tant que non-inscrits, nous étions des sous-députés, privés d'amendements et d'un grand nombre de rapports, expliquait à France TV, le conseiller de Marine Le Pen, Ludovic de Danne, avant le scrutin. Cette fois, nous pouvons même espérer des vice-présidences de commissions parlementaires." En clair peser sur le débat, voire d'empêcher "l'Europe de fonctionner", comme l'avait claironné le FN pendant sa campagne.
"Les eurosceptiques auront les moyens de faire du bruit mais pas de faire la loi, tempère le correspondant à Bruxelles de BFMTV Yann-Anthony Noghes. Les forces politiques traditionnelles conservent 536 sièges sur 751. Sans parler du manque d'unité dans les rangs des europhobes. Ils sont en nombre, mais sont dispersés".
Néanmoins, la base de ce futur groupe existe déjà et s'appelle l'Alliance européenne pour la liberté. Marine Le Pen en occupait, jusqu'à présent, la vice-présidence. Forte de ses résultats, nul doute qu'elle vise désormais plus haut.