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Politique

François Hollande n’est pas le plus "attractif" des présidents

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Le président de la République a reçu lundi des grands patrons étrangers et annoncé une série de mesures pour les convaincre d’investir en France. Vous n’êtes pas optimiste sur ses chances de succès.

L’opération de François Hollande tient à la fois de l’opération portes ouvertes et de la campagne publicitaire. Après "compétitivité" et "responsabilité", le nouveau mot-clé est "attractivité". Seulement, pour ceux à qui il s’adresse, la vraie question est : à quelles conditions est-il intéressant d’investir de l’argent en France ?

On connait la réponse : une fiscalité clémente, des conditions administratives simples, une lisibilité de la politique menée dans le pays. Ce sont les objectifs que François Hollande affiche, mais pas les signaux qu’il a envoyés jusqu’ici. Malgré l’attractivité de notre cuisine, il faudra plus qu’un déjeuner à l’Elysée pour dissiper cette impression.

Ces mesures vont quand même dans le bon sens?

Sûrement mais on ne pourra juger qu’aux résultats. La mesure capitale – puisqu’il s’agit d’attirer des capitaux – serait de baisser l’impôt sur les sociétés, plus élevé que chez nos principaux concurrents (anglais et allemands). François Hollande parle d’une harmonisation fiscale en Europe mais pour l’instant, c’est un vœu pieux.

L’Irlande, le Luxembourg et la Grande-Bretagne profitent à plein de leur fiscalité avantageuse, et l’Allemagne fonde le succès de son commerce extérieur à l’intérieur de l’UE – on ne voit pas ce qui pousserait ces pays à s’aligner sur nous juste pour nous rendre service…

Ne doit-il pas essayer de redorer l'image de la France?

Certes. Mais il doit veiller aussi à ne pas tout sacrifier pour une course aux capitaux dans laquelle la France n’est pas si mal placée qu’on le dit. D’une part, nos systèmes sociaux contribuent à l’attractivité du pays. D’autre part, n’en déplaise aux déclinologues, la France est au 4è rang mondial pour les investissements étrangers (même s’ils sont en baisse), 4è aussi pour la productivité horaire.

Nous sommes même les 1ers en Europe pour la création d’entreprises, ce n’est pas un signe d’apathie. En revanche, nous sommes les champions toutes catégories du pessimisme et de l’autodénigrement. On ne peut pas attendre du monde entier plus de confiance en la France que nous n’en avons-nous-mêmes.

Politiquement, cette opération de séduction vers le monde économique suscite aussi des critiques à gauche. Est-ce que François Hollande est en train de devenir le président des patrons ?

S’il veut que le pacte de responsabilité ait une chance de réussir, il sait qu’il doit convaincre les chefs d’entreprise qu’il n’est pas leur ennemi. De ce point de vue, les hurlements de son aile gauche lui sont utiles : ils montrent aux patrons que sa politique ne leur est pas hostile.

Mais il ne peut pas aller trop loin en sens inverse – surtout juste avant une séquence électorale difficile. Même au PS, l’accolade donnée par François Hollande à un chef d’entreprise à Washington a fait sursauter – tout juste si ce n’était pas le baiser de Judas ! C’est le signe que, pour l’instant, sa stratégie est plus attractive pour le patronat que pour sa majorité.

Hervé Gattegno