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Politique

Européennes: vers un import-export des candidats

Paul Magnette, homme politique belge, a été approché par le Parti socialiste français pour le mener lors des prochaines Européennes.

Paul Magnette, homme politique belge, a été approché par le Parti socialiste français pour le mener lors des prochaines Européennes. - JOHN THYS / AFP

Le parti socialiste français a proposé à une figure de la scène politique belge de prendre sa tête de liste pour les européennes de mai 2019. Et il ne s'agit pas d'un cas isolé.

Les européennes ont tout l'air d'arriver trop tôt pour un Parti socialiste dont les plaies sont encore à vif après la dernière présidentielle. Ce lundi, Le Figaro annonçait qu'Olivier Faure, premier secrétaire du PS, avait proposé à Paul Magnette, ancien ministre-président de la Wallonie et maire de Charleroi, de prendre la tête de la liste socialiste française. Le Belge de 47 ans a confirmé l'approche dans une réponse mise en ligne par Le Soir mercredi. "Oui j’ai bien reçu une proposition du PS français avec un certain étonnement, je l’avoue, car ils me proposent la première place sur leur liste européenne, pas moins", a-t-il commencé. Il ne balaye apparemment pas cette idée qu'il ne trouve pas seulement "étonnante" mais aussi "flatteuse": "C'est un sujet de réflexion. J'en discuterai évidemment dans le parti, chez nous". 

"Il ne faut pas exagérer"

Des responsables du PS français ont également évoqué dans le JDD l'intérêt de leur mouvement pour le Carolorégien: "A la mi-juillet nous avons envisagé cette hypothèse avec Paul Magnette". Toutefois, même si le règlement des européennes ménage bien à une personnalité politique le droit de concourir dans un autre pays que le sien, plusieurs obstacles se dressent devant la nomination de Paul Magnette dans l'Hexagone.

Tout d'abord, le Parti socialiste belge ne goûte pas forcément l'idée. Un de ses cadres a même laissé libre cours ce jeudi auprès du Monde à son sens du sarcasme: "Nos amis ont beau être en difficulté et vouloir réussir le premier test électoral de l’après-présidentielle, il ne faut pas exagérer". Par ailleurs, Paul Magnette entend bien conserver son fauteuil de maire de Charleroi et a assuré que sa priorité allait aux prochaines élections communales belges. Elles auront lieu en octobre prochain, quand les européennes se tiendront le 26 mai 2019, ce qui signifie que le Wallon devrait encore réserver sa réponse un moment. Enfin, il n'y a pas besoin de chercher très loin pour percevoir des voix dissonantes au sein même de la formation française qui a pourtant émis la proposition. Devant Le Figaro, Pierre Moscovici a remis en doute le sérieux de l'affaire:

"C'est une idée séduisante si le Parti socialiste européen décidait de la généraliser, ce qui ne sera évidemment pas le cas. Sinon c'est un gadget qui évite de faire les nécessaires choix domestiques (...) Pour ma part j'exclus totalement d'y participer". Est-ce à dire que lui-même ne se présentera pas en Grèce? L'idée a pourtant circulé dans la presse. 

Le précédent Cohn-Bendit 

Il n'y a pas qu'au PS toutefois qu'on parle d'enjamber les frontières à l'occasion des européennes. Benoît Hamon et son Génération.s et l'ancien ministre de l'Economie grec, Yanis Varoufakis et son Diem25, n'ont pas fait mystère que telle était leur intention en signant en mars dernier, avec d'autres, l'"appel de Naples". L'appel en question veut créer un élan pour la "première liste paneuropéenne et transnationale" afin de représenter "une alternative aux politiques d'austérité actuelles".

Les signataires français et grecs, mais aussi polonais, danois et portugais de cette proclamation visent notamment à créer un groupe commun au Parlement européen, à l'issue du scrutin, mais aussi à proposer un candidat commun à la présidence de l'Union européenne. Cependant, l'alliance ne devrait pas transformer Benoît Hamon en globe-trotteur des européennes. Au dernier jour du mois de juin, il disait ainsi de "pas être candidat aujourd'hui" à une fonction de tête de liste, ajoutant: "Il y a plein de profils possibles". 

Aller chercher ailleurs ce dont on estime avoir besoin chez soi peut paraître baroque de prime abord, mais l'initiative n'est pourtant pas si nouvelle. En 2009, Europe Ecologie avait confié la tête de liste en Île-de-France à Daniel Cohn-Bendit: le scrutin se faisait alors sur une base régionale, en huit circonscriptions en France, et non nationale comme aujourd'hui. A l'époque, celui-ci, député européen sortant, ne disposait que de la nationalité allemande. 

Robin Verner