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Les écologistes dénoncent "le déni climatique" de Macron après sa demande d'une "pause" des normes environnementales

Emmanuel Macron à l'Élysée le 11 mai 2023

Emmanuel Macron à l'Élysée le 11 mai 2023 - Yoan VALAT / POOL / AFP

Après les propos du chef de l'Etat qui craint de "perdre tous les acteurs de l'industrie", tentés par des règles environnementales moins importantes en Chine et aux États-Unis, les élus écologistes montent au créneau. "C'est le grand retour du déni climatique", s'inquiète l'une d'entre eux.

Une sortie qui ne passe pas. En pleine présentation de la stratégie pour réindustrialiser la France, Emmanuel Macron a appelé à "une pause réglementaire européenne" sur les normes environnementales ce jeudi après-midi. Au grand dam des élus écologistes.

"C'est absolument irresponsable. On parle d'anéantissement de la biodiversité. On n'a pas à lever les normes environnementales. On au contraire à les augmenter", a avancé la députée EELV Sandrine Rousseau ce vendredi matin sur France Info.

Macron pour "la stabilité" des normes", une écologiste s'inquiète du "déni climatique"

Emmanuel Macron a encore avancé que l'Union européenne avait fait "plus que tous ses voisins" en matière de normes environnementales et qu'elle avait désormais "besoin de stabilité".

"Opposer développement économique et protection du climat: le grand retour du déni climatique", a ainsi regretté la députée écologiste Sandra Regol, l'accusant de "ramer la France dans les discours 80's".

Dans le viseur du chef de l'État: la crainte de "perdre tous les acteurs de l'industrie" qui pourraient être tentés de se tourner vers la Chine ou les États-Unis, aux normes environnementales moins fortes.

Le ton d'Emmanuel Macron a tout du changement de cap. Pendant l'entre-deux-tours de la présidentielle, le chef de l'État avait même asséné lors d'un meeting à Marseille: "La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas."

Accélération du réchauffement climatique

Mais ce n'est pas la première fois que le chef de l'État semble osciller dans sa volonté de lutte contre le réchauffement climatique. Lors de ses vœux du 1er janvier, il avait attiré la colère des climatologues en se demandant "qui aurait pu prédire" "la crise climatique", avant d'expliquer "avoir été mal compris".

L'Europe connaît actuellement un réchauffement climatique plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale avec une hausse des températures de +0,5 °C par décennie ces vingt dernières années.

L'accord de Paris sur le climat conclu en 2015 fixe pour objectif de contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en-dessous de 2°C et si possible à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle.

"Une pause sur l'écologie" regrettable pour Marine Tondelier

Mais les engagements internationaux laissent la Terre sur la trajectoire d'un réchauffement de 2,6°C d'ici la fin du siècle, a alerté l'ONU.

"Les Français demandent une pause sur la mise en œuvre de la réforme des retraites… Macron leur propose une pause sur l’écologie", regrette encore Marine Tondelier, la patronne d'EELV.

La France insoumise n'est guère plus tendre. Le député insoumis Damien Maudet a ironisé, faisant remarquer que "tous les signaux écologiques sont au vert, que le GIEC publie tous les ans un rapport intitulé "tout va bien". "Ce n'est pas comme s'il y avait urgence", a tancé l'élu sur son compte Twitter.

Macron n'a demandé ni moratoire ni suspension

Dans les rangs du gouvernement, on assume en faisant le service après-vente des propos du Président en voulant aller encore plus loin.

"Pour s'installer en France, les industriels ont besoin de savoir à quelle sauce ils vont être mangés dans les 5 à 10 ans qui viennent", a ainsi jugé le ministre de l'Industrie Roland Lescure, appelant à une pause de "cinq ans" sur France Info.

L'Élysée a toutefois insisté sur le fait qu'Emmanuel Macron n'avait demandé ni une suspension, ni un moratoire et encore moins une abrogation "des normes actuelles en cours de discussion".

La loi industrie verte dans les tuyaux

Le chef de l'Etat a d'ailleurs annoncé ce jeudi le lancement d’un "crédit d’impôt industrie verte" pour soutenir la production de batteries, pompes à chaleur, éoliennes ou panneaux solaires.

La mesure fera partie du projet de loi industrie verte qui sera présenté ce mardi en Conseil des ministres et évoquée par le chef de l'État lors de sa visite à Dunkerque ce vendredi sur un futur site de batteries électriques.

Cette semaine, le Conseil d'État a lancé un ultimatum au gouvernement, l'exhortant à prendre "des mesures supplémentaires" pour respecter son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Marie-Pierre Bourgeois