Escroquerie et corruption par le Qatar: l'écologiste Hubert Julien-Laferrière quitte le groupe écologiste

Le député Hubert Julien-Laferrière - JEFF PACHOUD / AFP
Le député Hubert Julien-Laferrière, soupçonné de corruption dans une affaire d'ingérences étrangères, a annoncé ce jeudi 15 février quitter le groupe écologiste. Après la perquisition de son bureau fin septembre à l'Assemblée nationale, l'homme politique s'était déjà écarté de ses collègues.
Dans un communiqué transmis par son avocate à l'AFP à la suite d'une enquête de Radio France, le député "découvre une énième fois dans la presse les accusations portées à son encontre" et déplore une "violation du secret de l'instruction".
S'il "réfute avec force les accusations dont il est objet, il tient à le faire dans le cadre de la procédure judiciaire en cours et, à ce stade, nulle part ailleurs", indique également le communiqué.
"Préserver la sérénité du travail"
"Dans l'attente de cette audition qu'il souhaite voir fixée dans les meilleurs délais, il se retire du groupe parlementaire des écologistes afin de préserver la sérénité du travail parlementaire de ses collègues", est-il encore écrit.
Dans un communiqué distinct, les députés écologistes confirment ce départ et soulignent que l'enquête de Radio France "dévoile de nouvelles informations, jusqu'alors inconnues du Groupe Écologiste".
"Les agissements décrits, s'ils sont avérés, contreviennent à l'impératif de probité, qui doit régir la vie politique", estiment-ils. Le groupe va ainsi passer de 23 à 22 députés.
Escroquerie à la cryptomonnaie
Ancien socialiste, macroniste puis écologiste, Hubert Julien-Laferrière est soupçonné d'avoir fait la promotion d'une cryptomonnaie contre d'éventuelles contreparties. Son bureau avait été perquisitionné fin septembre à l'Assemblée nationale à ce sujet.
Les magistrats financiers se demandent en effet si l'élu du Rhône aurait vanté en février 2022 le LimoCoin, une cryptomonnaie qui s'est avérée être une escroquerie, à la demande du lobbyiste Jean-Pierre Duthion.
Marionnette du Qatar
Les investigations sont menées dans le cadre de l'enquête ouverte par le Parquet national financier (PNF) notamment des chefs de trafic d'influence, corruption d'agent public français et corruption privée, qui vise aussi des soupçons d'ingérence étrangère, notamment via M. Duthion, dans le travail de l'ex-journaliste de BFMTV Rachid M'Barki.
L'enquête de Radio France souligne également des relations entre le député et le politologue spécialiste du Qatar Nabil Ennasri, mis en examen et placé en détention provisoire en octobre.
D'après l'enquête, le député du Rhône aurait reçu 5.000 euros mensuels d'influents intermédiaires étrangers pour ses positions. Radio France suggère que le Qatar manipulait Hubert Julien-Laferrière, avec 30.000 euros mensuels versés à Nabil Ennasri, un lobbyiste lié à Jean-Pierre Duthion ayant eu de nombreux contacts avec le député.
Resterait aux enquêteurs du Parquet financier de prouver qu’une partie de cet argent servait à rémunérer le député écologiste pour avoir critiqué publiquement l’Arabie saoudite.