Rhône: de retour d'Ukraine, le député Hubert Julien-Laferrière raconte la "mobilisation formidable" à la frontière

Le député Hubert Julien-Laferrière. - JEFF PACHOUD / AFP
Il s'est fondu dans les pas des réfugiés pour "mieux comprendre les enjeux d'un conflit au cœur de l'Europe, qui nous concerne évidemment". Hubert Julien-Laferrière, député Génération Écologie du Rhône, s'est rendu dans l'ouest de l'Ukraine, il y a environ deux semaines.
Un voyage qui paraissait nécessaire aux yeux de ce membre de la Commission des affaires étrangères, travaillant sur les questions diplomatiques à l'Assemblée nationale, et dont la mère est née au nord de Lviv, afin de "mieux appréhender ce que va être et ce qu'est déjà l'accueil des réfugiés en France et le travail des ONG à la fois sur place et à la frontière".
C'est justement à Lviv, métropole jusqu'ici relativement épargnée par les bombardements russes, que Hubert Julien-Laferrière a réalisé le "travail formidable" accompli par les Ukrainiens pour accueillir "plus de 500.000 déplacés", poussés à l'exode par les percées ennemies à l'est du pays. Au moins 10 millions de personnes ont été contraintes d'abandonner leur foyer depuis le début du conflit, le 24 février.
Espoir et désespoir
À Lviv, l'élu a fait la rencontre de représentants d'ONG issues de sa circonscription, telles que Lyon-Ukraine ou Triangle Génération Humanitaire, raconte-t-il ce jeudi matin sur BFM Lyon. Et d'ajouter qu'elles proposent un "appui financier et médico-social très important".
Mais là n'est pas le "moment le plus fort de (sa) visite". Le député a quitté l'Ukraine comme il l'a rejointe: à pied depuis le poste-frontière polonais. Il était accompagné d'un important contingent de réfugiés ukrainiens.
"Pendant quatre heures, j'ai piétiné avec eux, dans le froid pour passer à la fois le poste-frontière ukrainien puis le poste frontière polonais, rembobine-t-il. Au milieu de ces réfugiés, j'ai pu échanger avec eux, ils m'ont confié leur désespoir et, en même temps, l'espoir de voir leur pays vaincre, leur volonté, leur dignité aussi. J'ai échangé avec ces familles qui venaient de Kiev, de Karkhiv, de Marioupol ; des femmes, des enfants, des personnes âgées ; parce que les hommes, eux, doivent rester au pays pour combattre."
"Qui veut venir en France?"
Une fois le poste-frontière franchi, le député se souvient avoir constaté "une mobilisation formidable". Il cite "des associations, des bénévoles qui viennent de toute l'Europe" pour porter assistance aux exilés, leur fournissant "à la fois des vivres, des couvertures" et les orientant vers des bus affrétés par des ONG.
Plusieurs images lui restent en mémoire: "J'ai vu par exemple le maire de Przemyśl, qui a consacré l'ancien centre commercial, qui en a fait un vrai hub humanitaire, où il y a donc des lits de camp". Hubert Julien Laferrière n'oublie pas non plus cette association bretonne, montée pour l'occasion, et ses militants qui agitaient des drapeaux français. Il les revoit demander: "Qui veut venir en France?", avant de prendre la route, une fois la capacité maximale de leur véhicule atteinte.
Des armes, des 4x4, des gilets pare-balles...
Si le député n'a pas prolongé son séjour en Pologne, c'est parce qu'il tenait à assister au discours de Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, devant l'Assemblée nationale. Dans l'esprit de Hubert Julien-Laferrière, ses paroles ont résonné avec celles d'un responsable régional ukrainien rencontré lors de sa visite à Lviv.
L'un comme l'autre "ont redit l'importance du soutien français, du soutien européen, en nous rappelant -et ce qui est vrai- qu'en défendant la démocratie et la souveraineté en Ukraine, c'est toute la démocratie qu'on défend dans le monde, en refusant cette agression du dictateur russe. Ça, c'est évidemment très important", souligne l'élu.
"Continuez à faire des sanctions très dures contre l'oligarchie russe et puis continuez à nous livrer du matériel militaire", lui a également demandé le responsable ukrainien. Il ne s'agit pas là uniquement d'armement, mais aussi de véhicules, comme des 4x4, ou des gilets pare-balles: "Il m'a fait une petite liste, en espérant que je puisse la remettre au gouvernement français".