Régionales: comment le camp Le Drian justifie ses frais de campagne en Bretagne

Pas encore candidat, le ministre de la Défense est déjà la cible d'attaques de la part de ses propres opposants en Bretagne à l'occasion des régionales. Au coeur des critiques: le mélange des genres entre ses fonctions et un budget potentiellement dilué dans les frais ministériels. 

Le feuilleton devrait rapidement prendre fin ce week-end en Bretagne mais le sort de Jean-Yves Le Drian agite l'exécutif. Ainsi jeudi matin sur BFMTV et RMC, le Premier ministre Manuel Valls a été contraint de rappeler les règles du jeu alors que se multiplient les bruits de couloirs sur les intentions non dévoilées du ministre breton: "On ne peut pas être ministre et président de région." Si l'on en croit "son entourage" cité par l'AFP, Jean-Yves Le Drian se voit aisément reprendre un fauteuil de président qu'il a occupé entre 2004 et 2012. Il devrait alors quitter l'Hôtel de Brienne où il fait l'unanimité - un ministre "remarquable" a souligné Manuel Valls - pour sa gestion des conflits où la France est engagée comme pour sa capacité à (enfin) vendre des Rafale.

Le tableau des "deux vies" de Le Drian

Le couple Hollande-Valls est même prêt à attendre le résultat du scrutin fin 2015 pour trancher la question de l'avenir de Jean-Yves Le Drian au gouvernement. Mais au niveau local, déjà les adversaires s'impatientent et lancent les premières piques. "La France en guerre a besoin d'un ministre de la Défense à 100% et la Bretagne en crise a besoin d'un président à 100%" martèle le candidat Les Républicains Marc Le Fur, jouant sur l'impossibilité de jouer sur les deux tableaux alors qu'il ne reste qu'un mois et 20 jours de campagne. 

"Jean-Yves Le Drian sera l'homme du bilan catastrophique de François Hollande", a lui attaqué le candidat FN Gilles Pennelle avant de regretter que le ministre fasse "campagne en Bretagne avec les moyens du contribuable".

Et justement, les équipes de morbihannais ont pris les devants face aux accusations probables de mélange des genres. Le Télégramme rapporte jeudi que chaque dépense liée de près ou de loin à ce qui pourra s'apparenter à une campagne locale a été répertoriée dans un tableau.

Billets d'avion et cafés

Les "vies multiples" de Jean-Yves Le Drian sont ainsi dissociées. Un billet d'avion Air France Paris-Lorient au prix 432,15 euros pris pour se rendre à l'île de Groix a été réglé par la Fédération PS du Morbihan tout comme les heures de travail de son chauffeur lors de cette visite ou encore les "sept" cafés offerts. Dans les faits, cela prouve que la campagne est prévue avec un Jean-Yves Le Drian en haut de l'affiche.

Dès son départ en 2012, il avait annoncé qu'il "reviendrait" à l'Hôtel de région de Rennes. Et François Hollande comme Manuel Valls peuvent difficilement se passer d'une des rares chances, malgré une gauche morcelée, de victoire régionale de la gauche en décembre prochain.

S.A.