Que risque le milliardaire Pierre-Édouard Stérin qui refuse de se faire auditionner par l'Assemblée nationale?

La chaise vide du milliardaire conservateur français Pierre-Edouard Sterin qui ne s'est pas présenté à une audition devant la commission d'enquête sur l'organisation des élections à l'Assemblée nationale, le 14 mai 2025. - Thomas SAMSON
C'est une chaise vide qui agace plusieurs députés à l'Assemblée nationale. L'homme d'affaires Pierre-Édouard Stérin a refusé pour la deuxième fois en moins d'une semaine de se présenter face à la commission d'enquête sur l'organisation des élections en France.
L'homme d'affaires conservateur, devenu milliardaire avec son entreprise de coffrets cadeaux Smartbox, était censé s'expliquer sur son activisme politique, lui qui s'était dit prêt à dépenser 150 millions sur 10 ans pour influer sur le débat public et soutenir des candidats aux élections. Avec pour objectif de faire triompher les droites sur une ligne libérale en économie, conservatrice sur les sujets de société et ferme sur le régalien.
Une ambition baptisée "projet Périclès", référence à l'antique stratège athénien, mais surtout acronyme sans équivoque de "Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes".
Yaël Braun-Pivet demande à ce qu'il "respecte" ses "obligations"
Face à ces deux absences, le président de la commission d'enquête Thomas Cazenave a annoncé ce mardi 20 mai qu'il allait saisir la justice. Il a déclaré qu'il "adresserait dès cet après-midi un courrier au procureur de la République de Paris pour constater le fait qu'il ne respecte pas les obligations qui lui sont faites".
Son collègue LFI Antoine Léaument, rapporteur de la commission d'enquête, a pour sa part estimé que le milliardaire "essaie de jouer la montre, puisqu'il sait que cette commission d'enquête est bornée dans le temps, donc il cherche à se dérober à ses obligations".
De son côté, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a demandé à ce qu'il "respecte" ses "obligations, l'Assemblée nationale et son travail".
Pierre-Édouard Stérin, qui réside en Belgique, est intervenu ce mardi matin sur Cnews, en visio depuis son domicile, affirmant entre autres que sa convocation n'était qu'un "prétexte" pour des députés qui "ont juste envie de faire les marioles devant les caméras".
Un refus passible de deux ans d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende
L'homme d'affaires a aussi indiqué qu'il avait "reçu des dizaines de menaces de mort", pour lesquelles il a d'ailleurs déposé lundi une plainte contre X au tribunal judiciaire de Paris. "Le ministère de l'Intérieur était prêt à assurer (sa) sécurité", a rétorqué Thomas Cazenave.
Le refus de comparaître devant une commission d'enquête est passible de deux ans d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende, selon l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958. Ce texte précise que "toute personne dont une commission d'enquête a jugé l'audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée".
Le cas de Pierre-Édouard Stérin n'est pas une première sous la Ve République. En 2023, deux militants du collectif Les Soulèvements de la Terre, Léna Lazare et Basile Dutertre, avaient refusé de se présenter à une commission d’enquête parlementaire sur les affrontements survenus à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres.
Le président de la commission Patrick Hetzel avait alors saisi la procureure de la République de Paris. Finalement, les deux militants ont été relaxés en janvier dernier.