Municipales: une "dégelée", "une raclée historique" pour la majorité

Thierry Arnaud et Eric Brunet - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
Les élections municipales sont une débâche pour la majorité et le président de la République, qui cristallise les mécontentements, devrait répondre en remaniant le gouvernement. Du côté de la droite, le triomphe est modeste. Eric Brunet et Thierry Arnaud, éditorialistes de RMC et BFMTV, décodent le second tour des municipales.
S’agit-il d’une défaite ou d’une déculottée pour le PS?
Thierry Arnaud: C’est une Bérézina complète pour le Parti socialiste avec beaucoup de villes perdues. Plus important encore quand on regarde la cartographie de ces villes. Des bastions socialistes sont tombés. Limoges était dirigée par la gauche depuis 1912 ou encore Quimper dont le maire battu n’est autre qu’un très proche de François Hollande, Bernard Poignant. Dans cette ville, le président de la République avait réalisé plus de 62% lors de la présidentielle de 2012. C’est lourd de sens et la raclée est historique.
Eric Brunet: Sur le plan arithmétique c’est une "dégelée". J’utilise ce terme à dessein, car c’est celui qui a été utilisé par François Hollande lui-même. L’équipe gouvernementale est touchée au cœur. La ministre Marie-Arlette Carlotti est en échec à Marseille. La liste sur laquelle figure Pierre Moscovici est battue dans le Doubs. L’UMP réalise un carton dans le département d’Arnaud Montebourg, la Saône-et-Loire.
Des villes "historiques" de gauche basculent à droite: c’est le cas du bastion socialiste Nevers, la ville de Pierre Bérégovoy. C’est aussi le cas de Limoges, qui avait toujours été administrée par la gauche depuis plus d’un siècle. Limoges à droite, c’est un peu comme si Neuilly-Sur-Seine était emportée par le Parti communiste… La gauche est touchée électoralement, mais elle est aussi touchée au cœur.
La droite peut-elle parader avec plus d’une centaine de villes qui basculent?
Thierry Arnaud: La droite ne parade pas et a le triomphe modeste vu le contexte. La classe politique reste très impopulaire et les résultats de ces élections sont le résultat d’un rejet de François Hollande plus qu’une adhésion au programme présenté par l’UMP. Les scores majeurs du FN et de l’abstention appellent aussi à la prudence car la défiance à l’encontre de la classe politique concerne aussi l’UMP. Pour ces raisons, l’opposition n’en rajoute pas, en raison notamment des élections européennes qui se profilent au mois de mai et qui s’annoncent délicate pour la droite et la gauche.
Eric Brunet: Devant les caméras, la droite la joue profil bas. Mais au fond, elle jubile. Elle est en extase. On a longtemps prétendu que la France avait une des droites les plus bêtes du monde. Aujourd’hui, il faut bien reconnaître que les mouches ont changé d’âne: car nous découvrons, que la gauche française est une des plus archaïques et des plus stupides d’Europe. Ces idées, son programme, son inaction, son manque d’efficacité, son dogmatisme, tout cela confine au ridicule.
En plus, cette défaite électorale remet sur le devant de la scène des socialistes aux idées "vintage" comme Marie-Noëlle Lienemann ou Gérard Filoche. Croyez-moi, ils vont peser de tout leur poids pour faire échouer la politique réformatrice de Hollande. N’oublions pas qu’ils représentent 40% au bureau national du Parti Socialiste. Avec eux, on est plus près de Jaurès que de Matteo Renzi ou de Gerhard Schröder. Et ça fait un peu peur.
Un changement de Premier ministre est-il inéluctable?
Thierry Arnaud: Le changement du Premier ministre n’est pas une fin en soi. Si c’est le cas, pour que l’effet fonctionne, François Hollande devra expliquer pourquoi il change. Il devra aussi dire comment, lui, compte changer, car cette défaite des municipales est la sienne. Vu l’ampleur de cette défaite le Premier ministre devrait changer, ce serait la logique, mais avec François Hollande, tout reste possible jusqu’à la dernière minute…
Pour autant, si Jean-Marc Ayrault n’a pas toujours été un Premier ministre extraordinaire, il ne porte pas l’entière responsabilité du désastre municipal.
Eric Brunet: De façon très objective, ce changement sera cosmétique, c’est tout. Au fond, on sait que la France est un système présidentiel. C’est le président qui décide. Un premier ministre ne fait que mettre en œuvre les principes édictés par le patron de l’exécutif. Donc rien ne changera vraiment sur l’essentiel…
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