Les ambitions de Gaspard Gantzer pour la mairie de Paris

- - Alain Jocard - AFP
Sur Twitter, sa biographie n'est longue que d'un mot – qui en dit long: "Parisien". Gaspard Gantzer, l'ancien conseiller en communication de François Hollande, qui fut également celui de Bertrand Delanoë puis son porte-parole de 2010 à 2013, cache à peine ses ambitions pour les prochaines élections municipales de 2020. C'est dans son livre La politique est un sport de combat (Fayard), paru à l'automne dernier et réédité ce mois-ci, qu'il commence à dévoiler ses projets:
"Les Parisiens veulent reprendre les clés de leurs destins. Si je m'engage ce sera avec eux (…) Ce sera pour eux", écrit-il à la fin de l'ouvrage.
Avant Paris, Gaspard Gantzer avait brièvement visé l'Ille-et-Villaine avec la République en marche. L'intervention de Jean-Yves Le Drian avait compliqué les choses, et l'intéressé avait finalement renoncé pour monter sa société de communication. Il se justifie depuis: "Macron voulait que je sois député à Rennes mais cela ne me convenait pas. Je suis né et j'ai toujours vécu à Paris. C'est là que je dois être", disait-il à Sud Radio le 23 mars. Changement de cap, donc. Devenu entrepreneur, Gaspard Gantzer se montre et écume les plateaux télévisés pour faire la promotion de son livre.
Gantzer devrait se lancer sans parti
Peu à peu, son compte Twitter devient celui d'un futur candidat: Grand Paris, ligne 13 du métro, nids-de-poule, résultats du PSG et du Stade français… Pas un sujet n'est oublié. Il commente, critique, rappelle à l'envi son ancrage parisien et en profite pour distribuer quelques mauvais points à l'équipe d'Anne Hidalgo, qui subit en ce moment des revers en série. Une pré-campagne qui ne dirait pas son nom.
"Les Parisiens ont peut-être un sentiment de détérioration de leur cadre de vie", lance-t-il dans le Parisien, en citant "la propreté ou les questions de sécurité".
Pour l'instant, l'intéressé se refuse à officialiser sa candidature. Mais d'après Le Monde, il devrait annoncer d'ici quelques semaines la création d'une association, "un mouvement citoyen" pour lancer sa campagne. Il n'a pas repris sa carte au PS et n'a pas non plus rallié La République en marche: il devrait briguer la mairie de Paris sous ses propres couleurs.
Déjà une rivalité avec Griveaux
Mais son ancien camarade de promotion à l'ENA compte bien présenter un candidat à Paris, lui aussi. Le nom de Benjamin Griveaux circule avec insistance, et ce dernier semble prendre "la menace" au sérieux. "Paris est un cimetière pour les aventures individuelles", ironise ce dernier dans Le Monde. "La leçon de 2017, c'est qu'il faut arrêter de vouloir faire de la politique politicienne, a fortiori lorsqu'on vient de se faire élire ou nommer au gouvernement", rétorque Gaspard Gantzer à l'attention de son potentiel rival dans Le Figaro. Sans être proches, les deux hommes se connaissent bien. Dans une autre vie, ils ont tous deux milité au PS. Leurs échanges promettent déjà une campagne tendue.
Du côté d'Anne Hidalgo, on observe avec prudence les manoeuvres de l'ancien jeune conseiller de François Hollande. "Rien n'est interdit à personne, mais ça ne peut pas être qu'une démarche individuelle", note toutefois Rémi Féraud, sénateur PS de Paris et ancien maire du 10e arrondissement. "La victoire de Macron a montré que tout était possible", estime un autre élu. Une remarque qui sonne comme un avertissement. Christophe Girard, adjoint chargé des ressources humaines et ancien patron de Gaspard Gantzer, abonde: "Il ne faut jamais sous-estimer un jeune volcan."