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Hollande déplore le duel LaREM-RN installé par Macron aux européennes: "Ce n'est pas le sujet!"

François Hollande le 22 mai 2019

François Hollande le 22 mai 2019 - Capture d'écran BFMTV

Invité de BFMTV et RMC ce mercredi matin, l’ancien chef de l’État a jugé "regrettable" que son successeur fasse de l'affrontement avec Marine Le Pen l’un des principaux enjeux de ces élections européennes.

Lui n’aurait pas procédé de la même manière. C’est, en substance, le message adressé par François Hollande ce mercredi à Emmanuel Macron sur la stratégie mise en œuvre dans le cadre de la campagne des européennes. D’après l’ancien président socialiste, il est "regrettable" d’avoir fait de ce scrutin une sorte d’affrontement isolé entre le parti au pouvoir et le Rassemblement national.

"Je ne comprends pas qu’on ait posé cette question. (...) Ce n’est pas l’enjeu! L’enjeu (...) c’est de savoir quel groupe va être le plus important au Parlement européen, tous pays confondus", a déclaré François Hollande sur notre antenne.

Et l’ex-locataire de l’Élysée d’aller plus loin en affirmant que son successeur a "pris un risque" en procédant comme il l’a fait, à savoir s’impliquer directement dans ce combat singulier avec Marine Le Pen et ses troupes. "On transforme l’élection européenne en un scrutin purement politique", déplore celui qui soutient officiellement la liste portée par le Parti socialiste.

"Pas une question de politique intérieure"

Pour illustrer son propos, François Hollande évoque sa propre expérience de président de la République en exercice lors des dernières élections européennes, celles de 2014. À l'époque, le Front national était arrivé largement en tête avec près de 25% des suffrages exprimés.

"Je me suis dit, ‘attention, le Front national peut être au second tour de l’élection présidentielle’; c’est ce qui, d’ailleurs, s’est produit", rappelle-t-il, avant de dire un mot de l’aspiration "souverainiste, populiste, extrémiste" qui traversait alors déjà le pays. 

"Mais je n’en ai pas fait une question de politique intérieure", précise-t-il ensuite. "Ce n'est pas le sujet!"

En mai 2014, François Hollande s'était effectivement tenu à une relative distance vis-à-vis de la campagne. Il avait néanmoins publié une tribune dans Le Monde quelques semaines avant le scrutin, dans laquelle il fustigeait - sans citer nommément le FN - ceux qui veulent "déconstruire l'Europe".

"Ceux-là, qui se prétendent patriotes, ne croient plus en la France. Sortir de l'Europe, c'est sortir de l'Histoire", écrivait-il.

Sur le terrain, c'est à son Premier ministre Manuel Valls et à des membres du gouvernement, comme Christiane Taubira, que revenait la mission de s'alarmer du risque d'une victoire de Marine Le Pen.

"Il a voulu jouer sur le vote utile"

Interrogé sur la démarche actuelle d’Emmanuel Macron, François Hollande reconnaît que le chef de l’État "est sincère quand il veut éviter que les extrémistes fassent un résultat trop important".

"Je pense aussi qu’il a voulu jouer sur le vote utile, parce que dans une élection, c’est vrai qu’il faut mobiliser les électeurs, en disant ‘attention, votez pour notre liste pour éviter le Front national’. Non, votez pour une liste (...) pour que l’Europe avance."

Selon l'ex-premier secrétaire du PS, "le débat ne peut pas se résumer (...) entre le Front national d’un côté et La République en marche de l’autre". 

Et d'ajouter: "Heureusement qu’il y a du pluralisme!"
Jules Pecnard