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Politique

Duflot n'est pas plus incohérente que Hollande !

Hervé Gattegno

Hervé Gattegno - -

Les 2 ministres écologistes ont sauvé leur tête malgré la position d’Europe-Ecologie contre le traité européen. Est-ce que la solidarité gouvernementale est en cause ?

Il est légitime de critiquer l’attitude politicienne des Verts pour mais il faut se demander si les socialistes n’ont pas montré la voie. C’est vrai que Cécile Duflot est bien mal à l’aise pour articuler intelligiblement sa position sur un traité qu’elle soutient (du bout des lèvres) après l’avoir dénoncé (haut et fort) – la dirigeante d’un parti antimilitariste changée en petit soldat, c’en était gênant pour elle. Il n’empêche qu’on voit mal comment François Hollande et Jean-Marc Ayrault lui reprocheraient son manque de cohérence puisqu’eux aussi ont changé d’avis sur le sujet – et sans même faire semblant d’hésiter.

Donc Cécile Duflot et les Verts peuvent toujours faire partie de la majorité ?

Ils restent au gouvernement – la majorité, on verra. On présente souvent les écologistes comme des idéologues rigides. En fait, ils sont doués pour le contorsionnisme. A priori, ils voteront contre le traité budgétaire (sauf quelques absentions) mais… pour le budget. C’est assez biscornu. Cécile Duflot dit : « Quand on est ministre, on exprime la position du gouvernement. » Rappelons quand-même qu’elle a fait le contraire sur la dépénalisation du cannabis. Cette fois, elle ne peut ni parler ni se taire. Donc elle parle… pour ne rien dire.

Le journal « Le Monde » appelle François Hollande à révoquer ses ministres écologistes. On a compris qu’il ne le fera pas. Il a tort ?

Ça lui était difficile de le faire au nom de l’éthique. Après tout, les écologistes sont aujourd’hui sur la ligne du candidat Hollande, qui proclamait que le traité était « inacceptable » et qu’il le renégocierait – alors qu’à l’arrivée, le texte est le même, avec juste un pseudo-volet de croissance en plus qui ne change pas grand-chose. Cela dit, cet épisode fournissait une formidable occasion à François Hollande de se débarrasser d’un allié encombrant. Du strict point de vue politique, il a eu tort de ne pas la saisir.

Il aurait dû, de lui-même, se priver du soutien des Verts ?

Le PS a la majorité sans eux et ce sont des alliés qu’il vaut mieux avoir en photo qu’en pension ! Quoi qu’on en dise, les Verts pèsent sur la ligne du gouvernement par exemple sur l’industrie, et sur les questions de sécurité et d’immigration, on sent bien qu’ils ont toujours un pied dans l’opposition. Donc il y avait plus d’avantages que d’inconvénients à les mettre à la porte – et c’était donner un signal aux députés PS qui rechignent à voter le traité. En refusant de trancher, François Hollande autorise de fait le bazar au gouvernement et laisse Jean-Marc Ayrault dans la panade. Le président a toujours une majorité, mais cette majorité n’a plus vraiment de chef.

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Hervé Gattegno