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Politique

Duflot : le traité chili con carne

Les Coulisses de la politique, de Christophe Jakubyszyn, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20

Les Coulisses de la politique, de Christophe Jakubyszyn, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20 - -

Hier, je vous emmenais dans la tête de François Hollande et Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, je suis dans celle de Cécile Duflot. Elle n’a pas voulu dire lundi soir sur France 2 si elle était pour ou contre le traité budgétaire européen, mais je vais vous le dire ce matin…

Au fond, la seule chose dont on est sûr, c’est que Cécile Duflot veut rester ministre. Alors permettez-moi juste de sourire. En quoi Cécile Duflot est-elle plus utile que n’importe quel autre responsable politique qui serait ministre du Logement ? En quoi le plan Duflot de soutien à l’investissement locatif est plus utile que le Scellier ou le Robien ? En quoi est-elle plus innovante qu’un Jean-Louis Borloo qui avait lancé l’Agence de rénovation urbaine ? Non. Cécile Duflot n’est pas particulièrement « utile » à la tête du ministère du Logement. Un peu de modestie. Cécile Duflot veut rester ministre. Point.

Et que pense-t-elle du traité européen ?

Cécile Duflot sur Twitter
Cécile Duflot sur Twitter © -

Sur 5 minutes d’interview, le maximum que David Pujadas ait obtenu n’est pas très clair. Alors là, je traduis parce qu’il faut appeler un chat un chat : Cécile Duflot est contre le traité budgétaire européen. Elle avait déjà voté non en 2005, elle revoterait non en 2012. Elle a ses arguments, ils se défendent d’ailleurs : elle pense que la France ne doit pas se lier les mains pour une politique d’austérité à moyen et long terme et que l’objectif moyen terme d’un déficit de 0,5% n’est pas une bonne politique.
Et bien qu’elle le dise et qu’elle s’en aille ! C’est cela le courage politique. Au lieu de cela, Cécile Duflot a choisi samedi soir, au moment où les Verts votaient contre le traité en Conseil fédéral, de cuisiner un chili con carne ! Et elle a envoyé la photo sur Twitter.
Il y a eu Ponce Pilate qui se lavait les mains lorsqu’on lui demandait de trancher sur le sort de Jésus, il y aura maintenant Cécile Duflot qui mijote son chili con carne quand son parti décide du sort du traité.

Mais lundi soir, Cécile Duflot n’a pas critiqué le traité…

Elle a dit qu’elle était obligée de se taire compte tenu de son statut de ministre. Le problème, c’est qu’en coulisses, elle le fait. Elle a laissé ses conseillers du ministère, payés par le gouvernement, défendre le non au traité dans les couloirs du conseil fédéral des Verts ce week-end. Elle veut être ministre et elle veut, demain, pouvoir redevenir la chef de son parti. Pouvoir dire aux adhérents, « je ne vous ai jamais trahis, j’étais bâillonnée mais je n’en pensais pas moins. Je faisais ça pour construire des logements sociaux... »
Et vous allez voir le pire est à venir au Parlement… Les Verts ne vont pas voter le traité européen qui marque notre solidarité à l’égard de nos partenaires, mais ils vont voter pour la loi organique et le budget qui instaurent l’austérité, les hausses d’impôt et la baisse des dépenses de l’Etat.

Mais pourquoi le président et le Premier ministre acceptent-ils cette ambiguïté ?

Le président ne veut pas ajouter une crise gouvernementale au moment où le pays s’enfonce dans la crise, alors que le budget va être présenté vendredi. Il sera bien content finalement que les Verts votent ce budget, et ça fera passer la pilule aux yeux des électeurs de gauche.
Ça, c’est pour le court terme. Mais à long terme, l’autorité du Premier ministre et du président risquent d’être affaiblis. Ce qui restera c’est l’image des Verts, des communistes, et d’une partie des socialistes, peut-être, qui voteront contre le traité début octobre.
Ce qui restera, c’est le bras d’honneur d’une ministre. Pardon, le chili con carne d’une ministre...

Pour écouter les Coulisses de la Politique de Christophe Jakubyszyn du mardi 25 septembre, cliquez ici

Christophe Jakubyszyn