Comptes de campagne de Sarkozy invalidés : un danger pour la démocratie ?

Pour la droite, on prive le principal parti d'opposition de ses capacités de fonctionnement. - -
C’est un coup dur pour l’UMP. Les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle de 2012 ont été rejetés jeudi par le Conseil constitutionnel car le montant des dépenses de l'ancien président « excédait de 466 118 euros, soit 2,1%, le plafond autorisé » selon le Conseil constitutionnel. En décembre dernier, le Conseil constitutionnel avait déjà invalidé les comptes de l'ex-candidat UMP pour la campagne présidentielle de 2012 mais l'UMP avait lancé un recours. C'est ce recours que les Sages ont rejeté.
En cause, certains déplacements de Nicolas Sakozy avant sa déclaration de candidature qui auraient dû rentrer dans ses comptes de campagne selon les Sages mais aussi des meetings comme celui de Villepinte (11 Mars 2012) pour lequel seulement 50% des frais ont été déclarés à la charge du candidat. L'ancien président a immédiatement annoncé sa démission du Conseil, et le président de l'UMP Jean-François Copé a lancé une souscription nationale pour remplir les caisses.
10 millions d'euros à rembourser
Conséquence: cette décision prive l'ex-candidat UMP du remboursement par l'État de quelque dix millions d'euros de frais de campagne. Nicolas Sarkozy devra aussi restituer au Trésor public l'avance forfaitaire de 150 000 euros qui lui a été versée, et lui payer 363 615 euros correspondant au dépassement du plafond légal des dépenses. Une décision qui va peser très lourd sur les comptes d’un parti déjà très mal en point : selon la trésorière de l'UMP, Catherine Vautrin, la dette du parti s'élève donc aujourd'hui à 54,6 millions d'euros.
« Nous avons besoin de pouvoir faire campagne »
Pour Nadine Morano, déléguée générale de l'UMP, cette décision met véritablement en danger la démocratie. « Ce qui est en jeu, c’est le fonctionnement d’un parti politique d’opposition d’un coup amputé de 11 millions d’euros », souligne-t-elle. « Il ne serait pas juste de laisser l’espace politique et public occupé uniquement par la gauche. Nous avons besoin de pouvoir faire campagne, défendre les convictions qui sont les nôtres. Il est nécessaire que le premier parti de France ne se retrouve pas bâillonné à cause d’une décision du Conseil constitutionnel ».
« L’application de la loi »
Pas de bâillon, mais une décision logique et légale, estime pourtant François de Rugy, député EELV de Loire-Atlantique. « C’est un peu du grand n’importe quoi. La démocratie serait en danger si les candidats à une élection aussi importante que la présidentielle n’étaient pas sur un pied d’égalité. Je rappelle que si le compte de monsieur Sarkozy a été rejetté, c’est parce qu’il a pris la liberté de ne pas respecter les règles qui ont pour but de mettre tous les candidats sur un même pied d’égalité avec un plafond maximal de dépenses. Ce n’est encore une fois rien que l’application de la loi ».