BFMTV
Politique

Coment le "front républicain" a évolué depuis 2002

placeholder video
Depuis les résultats du 1er tour de la présidentielle, les commentateurs de la vie politique s’accordent sur un point: le "front républicain", ce rassemblement des partis de gauche et de droite contre le FN, est mort, 15 ans après la défaite de Jean-Marie Le Pen face à Jacques Chirac au second tour. En 2002, déjà, les choses n'étaient pas si simples.

"Au-delà de la démagogie de la droite et de la dispersion de la gauche qui ont rendues possible cette situation, j’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique après la fin de l’élection présidentielle", lance Lionel Jospin, ce dimanche 21 avril 2002 sous les cris de stupeur des militants socialistes.

Le chef du gouvernement est éliminé dès le premier tour au profit du candidat Front national Jean-Marie Le Pen et du candidat de la droite, Jacques Chirac. À aucun moment il n’est question, pour le grand perdant de cette soirée, d’appeler à voter pour Jacques Chirac pour faire barrage au FN. Lionel Jospin invite simplement "les socialistes et la gauche à se rassembler dès maintenant pour les élections législatives".

Un Parti socialiste plus clair qu’en 2002

Quinze ans plus tard, le candidat socialiste Benoît Hamon, lui aussi éliminé du premier tour le 23 avril dernier avec à peine plus de 6% des voix, n’hésite pas une seule seconde. "J’appelle à battre le plus fortement et le plus puissamment possible le Front national. À battre l’extrême droite en votant pour Emmanuel Macron, même si celui-ci n’appartient pas à la gauche et n’a pas vocation à la représenter". Une position équivalente à celle de François Fillon qui annonce qu’il votera "en faveur d’Emmanuel Macron".

Le son de cloche est toutefois différent, quelques instants plus tard, du côté de celui qui réalise le meilleur score de la gauche avec 19,5% des voix. "Chacun, chacune d’entre vous sait en conscience quel est son devoir. Dès lors, je m’y range. Je n’ai reçu aucun mandat des 450.000 personnes qui ont décidé de présenter ma candidature pour m’exprimer à leur place sur la suite", déclare alors Jean-Luc Mélenchon. Il ne changera plus d’avis. Même s’il précise, dans une de ses vidéos YouTube vendredi dernier qu’il ira voter.

"Je ne voterai pas Front national, tout le monde le sait (…) Vous n’avez pas besoin de moi pour savoir ce que vous avez à faire. Je ne suis pas un guide. Je ne suis pas un gourou". La consultation lancée le 25 avril sur le site de La France insoumise ne que laissait trois choix à ses électeurs: le vote blanc, le vote Macron ou l’abstention. Mais en avril 2002, le tribun avait un avis sensiblement différent, même si à aucun moment, il n’appelait à voter nommément pour Jacques Chirac. "Le 5 mai, il ne faut pas hésiter. Alors mettez des gants si vous voulez, des pinces ou ce que vous voulez, mais votez! Abaissez le plus bas possible Le Pen".

L’extrême gauche toujours en dehors du "front républicain"

Au même moment en 2002, Arlette Laguiller candidate de Lutte ouvrière, éliminée du premier tour avec un peu moins de 6% des voix, exprime quant à elle clairement son refus de voter pour le candidat du RPR. "Nous n’appellerons pas à voter Chirac. Nous voulons combattre Le Pen mais il ne peut se combattre que sur le plan social et par d‘autres moyens que ceux qu’ont proposé Chirac ou Jospin", lance-t-elle alors quelques instants après l’annonce des résultats. Une position similaire à celle d’Olivier Besancenot, le candidat LCR (Ligue communiste révolutionnaire) qui se refuse à donner une quelconque consigne de vote, tout en estimant que "le Front national est un courant qui représente l’héritage de Vichy".

Une posture reprise par les héritiers de ces deux partis, Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière et Philippe Poutou du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), au soir de ce 1er tour de 2017. La première a affirmé qu’elle ne participerait "à aucun front républicain", avant d’ajouter qu’elle voterait "blanc en rejetant le FN mais sans croire que Macron est un barrage". Quant au second, il n’a pas appelé à voter pour Emmanuel Macron, qui "n’est pas un rempart contre le FN". Des autres candidats, de François Asselineau à Jacques Cheminade en passant par Jean Lassalle, aucun n’a souhaité donner de consigne de vote, ce dernier précisant qu'il voterait blanc.

A l'inverse, Nicolas Dupont-Aignan l’ancien prétendant à l’Élysée de Debout la France, qui a coutume de se présenter comme issu de "la droite gaulliste", a apporté vendredi son soutien à Marine Le Pen. Cette dernière affirmant le lendemain que si elle était élue, elle le nommerait Premier ministre.

Boris Courret