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Politique

Baisse du chômage : pas de triomphalisme à l'Elysée

Les Coulisses de la Politique, c'est tous les matins à 7h25 avec Véronique Jacquier.

Les Coulisses de la Politique, c'est tous les matins à 7h25 avec Véronique Jacquier. - -

Forte baisse du chômage en août. Une première depuis deux ans. Comment réagit-on à l'Elysée ?

Pas de triomphalisme ! Voilà ce que m'a dit un conseiller : « Si le chômage remonte le mois prochain, tout l'effet 'on commence à s'en sortir' va tomber à l'eau. Et ce sera calamiteux ». L'entourage du chef de l'état travaille à vraiment inverser la courbe du chômage, pas à avoir une embellie sur un mois. Donc François Hollande et ses conseillers sont soulagés mais ils ne vendent la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

Mais justement cette embellie, est-ce qu'à l'Elysée on reconnaît que c'est dû aux emplois aidés et à 70 000 personnes rayées des listes de Pôle Emploi ?

Pour les milliers de chômeurs sortis des statistiques, silence radio. Seul Michel Sapin a prudemment parlé hier de la volatilité des chiffres d'un mois sur l'autre. Pour les emplois aidés, un député socialiste me dit : « C'est mieux que rien. Un emploi aidé c'est un jeune qui travaille, c'est toute une famille qui reprend confiance donc c'est de la croissance ». En coulisses, François Hollande est moins positif que ce député. Il a confié en petit comité : « Même si j'arrive à inverser la courbe du chômage, il y aura toujours des Français sans emploi ! La situation va être difficile pendant un ou deux ans ».

François Hollande va-t-il profiter de ces « bons chiffres du chômage » pour soigner sa popularité ?

Ah oui ! Tout est prévu. Et le chef de l'état se dit d'ailleurs qu'il a vraiment une bonne étoile. En fin de semaine dernière, il a décidé d'aller à Florange en Moselle pour honorer sa promesse de campagne de revenir voir les salariés d'Arcelor-Mittal. Mais politiquement, c'est un déplacement à haut risque. Aucun des deux engagements donnés aux salariés n'a été tenu. Les hauts fourneaux ont fermé. Et l'obligation de vendre un site rentable ne concernerait que les entreprises de plus de 1 000 salariés donc pas le site de Florange.

On peut se demander : mais qu'est-ce que François Hollande va faire dans cette galère ? Coup de chance, il a eu les chiffres du chômage mardi soir. Donc le déplacement à Florange prend un autre sens, c'est une sacrée aubaine ! Il va commenter ces chiffres devant les salariés d'Arcelor-Mittal en fin de matinée, pour leur donner des raisons d'espérer en sa politique.

Mais enfin les salariés de Florange ne sont pas dupes ! Ils voient bien qu'il n'y a pas d'embauche dans les entreprises. Pourquoi François Hollande prend-il le risque de se faire bousculer à Florange. Notamment par l'emblématique leader CFDT Edouard Martin ?

Beaucoup de députés socialistes ont été surpris par ce choix de retourner à Florange mais ils ont la réponse à la question. François Hollande est très impopulaire. « Aller à Florange c'est montrer qu'il est courageux et qu'il tient ses promesses » m'a dit l'un. « Il n'est pas comme Sarkozy qui s'est dégonflé et qui n'est jamais allé à Gandrange ». Bref François Hollande retrouve un emploi : celui de capitaine capable d'affronter des situations socialement difficiles. Est-ce qu'il va inverser sa cote de popularité ? Pas sûr...

Véronique Jacquier