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Politique

Au PS, les députés dépités

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Jean-Marc Ayrault rencontre ce mardi matin les députés socialistes, ce qui n'était pas prévu à son agenda. La raison : la peur, une nouvelle fois, de se faire doubler par Manuel Valls.

Les députés socialistes connaissent une poussée d'urticaire ! Voilà ce que m'a dit un élu. Ils n'en peuvent plus après la séquence désastreuse de l'affaire Léonarda. Jean-Marc Ayrault a donc décidé hier soir de venir calmer les troupes, mais vous savez ce qui l'a motivé en coulisse ? C'est l'éventuelle présence de Manuel Valls. Lundi soir, la rumeur courrait parmi les parlementaires que le ministre de l'Intérieur pourrait venir leur parler. Jean-Marc Ayrault a pris les devants pour lui voler la vedette.

Qu'il soit présent ou absent, c'est Manuel Valls qui donne le tempo à gauche...

Oui, et Jean-Marc Ayrault donne le sentiment de lui courir après ! Mais les députés que j'ai eu hier soir n'ont pas envie de tresser des lauriers ni à Valls, ni à Ayrault. L'un d'entre eux m'a dit: « le mardi matin, c'est un jour terrible, on rentre de nos circonscriptions... Et en ce moment on s'en prend plein la gueule. Pas parce que les gens nous parlent, c'est pire que tout ! Ils ne nous parlent même plus... On a droit à une indifférence sourde. Ça veut dire: "cause toujours, tu ne m'intéresses plus" ». L'affaire Léonarda, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Mais plusieurs parlementaires m'ont confié: les Français sont excédés d'abord par la hausse de la TVA, et les retraites. Léonarda, ça vient après. Ce qui a choqué, c'est la prise de parole de François Hollande pour traiter du sort d'une jeune fille de 15 ans.

Alors les députés socialistes ce matin, que veulent ils dire à Jean-Marc Ayrault ?

Mais ils vont lui dire: pourquoi François Hollande est-il intervenu à la télévision ? Pourquoi ce n'est pas toi, Jean-Marc, qui a sifflé la fin de la partie ? Un député en coulisse m'a dit: « Que le premier ministre ne vienne pas nous demander d'être solidaire ! Quand on voit le comportement d'Harlem Désir ou de Benoit Hamon... Ça tire dans tous les sens ! » Et un autre élu dépité me fait cette confidence: « Ce gouvernement donne un sentiment d'amateurisme. On sort tous affaiblis de l'affaire Léonarda, même Manuel Valls ».

Donc la reprise en main des troupes socialistes, ce n'est pas pour demain...

Non car l'affaire Leonarda révèle les profondes dissensions qu'il y a au sein du parti socialiste sur les questions d'immigration... Et qu'est-ce qu'ils vont faire ce mardi matin, toujours en réunion de groupe ? Ils vont se demander s'il est bien judicieux de lancer un débat sur la politique migratoire. Autant dire qu'à 5 mois des municipales le terrain est miné. On se croirait revenu sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy quand il a lancé le débat sur l'identité national. Ça ne lui a pas réussi. Les socialistes devraient s'en souvenir.

Véronique Jacquier